Sommés de partir, les jardiniers d'Aubervilliers résistent au Grand Paris

Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), reportage

Les « jardins à défendre » d’Aubervilliers vont-ils être coulés dans le béton du Grand Paris ? Jeudi 15 juillet, dans les venelles des jardins ouvriers des Vertus, les éclats des rires et des ateliers de construction se mêlaient encore aux cris des oiseaux qui nichent sur les parcelles verdoyantes. De temps à autre, le soleil perçait les nuages. Ses rayons illuminaient les cabanes et caressaient les feuilles des tomatiers, d’arbres fruitiers et d’œillets d’Inde orange vif plantés sur un îlot de paille.

Ces terres nourricières, écrin de végétation au milieu d’un décor urbain, subsistent uniquement grâce à la ténacité de leurs défenseurs, qui les occupent jour et nuit depuis près de deux mois et les ont baptisées « jardins à défendre » (Jad). Dix-neuf parcelles, 4 000 m² de terres en tout, sont menacées par les bulldozers de Grand Paris Aménagement (GPA), qui souhaite construire un solarium et un centre de fitness, adossés à la future piscine d’entraînement des Jeux olympiques de Paris 2024 — construite sur le parking voisin —, et d’une gare du futur Grand Paris Express.

Les Jardins d’Aubervilliers, jeudi 15 juillet 2021. © Alexandre-Reza Kokabi/Reporterre

Le couperet d’une expulsion se rapproche pour les occupants. Saisi à la demande de GPA, un huissier de justice leur a adressé un « commandement de quitter les lieux ». Cette injonction s’appuie sur une ordonnance de référé rendue par le tribunal d’Aubervilliers le 25 mai. Les activistes sont sommés de plier bagage avant vendredi 16 juillet, 17 heures. À défaut, les intentions de l’huissier sont explicites : « Je me verrai contraint de procéder à votre expulsion, et à celle de tous occupants de votre chef, si nécessaire avec l’assistance de la force publique. »

« Promoteurs, hors de nos vies ! » 

« Nous ne partirons pas de notre propre chef », rétorque Dolorès, 58 ans, occupante des Jad. Cofondatrice du collectif de défense des jardins ouvriers d’Aubervilliers, elle assure que les activistes tiendront et défendront « ces terres fertiles et cet espace de vie collectif jusqu’au bout ». « Le procès et l’expulsion représentent une mascarade judiciaire, poursuit la « jadiste ». Ces procédures se sont déroulées en l’absence du collectif de défense et des occupants, qui n’étaient même pas au courant ! » C’est en effet l’Association des jardins de Vertus, qui soutient le projet de piscine et ne fait pas…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre