S’opposer à la chasse et à la corrida, est-ce un truc de bourgeois citadin ?

Dans un entretien mené par Eugénie Bastié pour le journal Le Figaro, le philosophe d’inspiration marxiste et orwellienne Jean-Claude Michéa dénonce “la vision Walt Disney de l’animalité” qu’auraient les “habitants des métropoles” et qui se traduirait par leur hostilité à la chasse et à la corrida. Il fait même de la proposition de loi d’interdiction de la corrida portée par le député France Insoumise Aymeric Caronune croisade de classe”. Sa vision est cohérente avec celle qu’on lit sur les réseaux sociaux de la part des défenseurs de la chasse et de la corrida : selon eux, leurs adversaires seraient des “bobos déconnectés”.

Pourtant, une fois de plus, les propos de cet étrange marxiste, dont les interventions et prises de position dans le débat public ne sont jamais pour soutenir des mouvements de luttes de classe mais quasi-systématiquement pour venir appuyer les indignations morales et culturelles sélectives de la bourgeoisie de droite, ne résistent pas trop à l’étude concrète du réel. 

En effet : l’idée que la corrida et la chasse seraient des pratiques exercées et/ou défendues par les classes populaires rurales, face au mépris de classe de la bourgeoisie citadine déracinée et protégée, est avant tout un cliché porté par la bourgeoisie centriste ou de droite.

Dans les faits, l’IPSOS nous apprend que l’opposition à la chasse chez les habitants des milieux ruraux (47%) est très proche du niveau qu’on constate dans les milieux urbains (52%). Ruraux ou urbains, près de la moitié des français sont opposés à la chasse. Par ailleurs, inversement, le constat que 48% des habitants urbains sont plutôt favorables à la chasse permet de relativiser cette prétendue “vision Walt Disney” unanimement partagée. 

L’opposition à la chasse chez les habitants des milieux ruraux (47%) est très proche du niveau qu’on constate dans les milieux urbains (52%)

Source : Ipsos

Au-delà de la perception de la chasse, qui la pratique réellement ? S’agit-il de ruraux comme se l’imagine sans doute Michéa et plein d’autres avec lui ? 

La Fondation Sommer (qui s’appelait auparavant La Maison de la Chasse et de la Nature, donc pas franchement antispéciste) et l’IPSOS/LPO ont réalisé une étude montrant que 70% des chasseurs sont urbains, et moins de 4% d’entre eux sont agriculteurs. Oups, voilà qui casse certaines idées préconçues…

L’opposition, par ailleurs grandissante, à la chasse dans les milieux ruraux, n’a, bien sûr, pas…

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Auteur: Rob Grams Frustration Mag