Soudan : la mobilisation du peuple continue

Un an après le coup d’État organisé par les militaires contre le processus de transition à la suite de la chute d’Al-Bashir, la mobilisation continue contre un pouvoir faible et divisé. Les structures d’auto-organisation populaire ont investi le champ politique et bataillent tant contre les partis traditionnels que la diplomatie occidentale, partisans d’un retour au statu quo. L’ordre du jour est bien de renforcer une solidarité encore trop faible au vu de ce que pourrait représenter la chute des militaires pour les pays arabes et plus globalement le continent africain.

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La chute d’Al-Bashir  

Le coup d’Etat d’Al-Bashir en 1989 soutenu par les islamistes du Front Islamique National (FNI) dirigé par Al-Tourabi a plongé progressivement le Soudan dans une crise profonde. Ce nouveau pouvoir s’est engagé au nom du djihad dans une guerre coûteuse contre les populations du sud du Soudan, il a imposé une morale rétrograde dans le mode de vie des soudanais et soudanaises, favorisé la captation des richesses par la hiérarchie militaire. Il a aussi accentué la discrimination envers les populations de la périphérie, à tel point que le pays reste profondément divisé entre ce que les universitaires appellent « l’élite riveraine » ou le grand Khartoum et les autres régions délaissées et méprisées.

A partir de 2010 des manifestations s’organisent contre la crise économique et prennent rapidement une tournure politique anti-gouvernementale. La révolution de 2019 s’est nourrie de ces luttes. La puissance de la mobilisation est telle, que l’armée n’a d’autres solutions que de limoger Al-Bashir et prendre le pouvoir. Une manœuvre tout de suite contestée par les révolutionnaires qui vont exiger un gouvernement civil. Les féroces répressions n’y feront rien, l’armée est obligée de composer. Elle accepte la création d’un conseil de souveraineté composé de militaires et de civils, présidé par le général Burhan et un gouvernement civil dirigé par un économiste Abdallah Hamdok.

Ce gouvernement va doublement se fragiliser tant au niveau des militaires que de la population. D’un côté, il mène une politique d’épuration des militants islamistes dans la haute fonction publique et commencer à démanteler les structures financières de l’armée, de l’autre il applique une politique d’austérité imposée par le FMI et les gouvernements occidentaux. Les militaires vont utiliser la fatigue voire la rancœur populaire contre la politique économique et sociale de Hamdok pour…

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Auteur: redaction