Morgane Piederriere est responsable de plaidoyer au sein de France Nature Environnement (FNE). La fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement a publié le 2 avril un rapport sur les dangers des politiques de simplification menées depuis plusieurs décennies en France.
Reporterre — Le 8 avril commence l’examen du projet de loi de Simplification de la vie économique, qui promet d’en finir avec une bureaucratie décrite par la droite comme « obèse ». Faut-il craindre pour l’écologie ?
Morgane Piederriere — Clairement. La plus grosse régression concerne le dialogue environnemental. Le gouvernement a notamment annoncé que les projets industriels ne feraient plus l’objet d’un débat public mené par la Commission nationale du débat public. C’est aberrant.
Les députés ayant proposé et voté ces amendements se comportent comme s’ils étaient les seuls à même de faire fonctionner la démocratie. C’est faux. On ne peut pas, d’un côté, se plaindre de l’existence de fractures dans le pays et, de l’autre, supprimer les instances de dialogue. Pour que la démocratie soit fonctionnelle, il faut des espaces de consensus, où l’on règle d’éventuels conflits de façon pacifique et constructive.
Dans votre rapport, vous montrez que la volonté d’en finir avec les normes n’a rien de nouveau en France…
C’est le cas depuis les années 1970, quand des réglementations ont été adoptées pour protéger l’environnement, notamment à l’initiative de l’Union européenne. La pression des acteurs économiques a alors augmenté. Selon eux, le droit environnemental était trop compliqué et il fallait le simplifier. Ce lobbying a eu un certain succès. Ces quinze dernières années, une bonne dizaine de lois de simplification ont été votées. Mais sous couvert de simplifier, on régresse. La simplification est le cheval de Troie de la dérégulation…
Auteur: Hortense Chauvin