Stéphane Lavignotte : « Le capitalisme est un parasite de la religion chrétienne »

D’abord militant écologiste à Europe Écologie-Les Verts (EELV), Stéphane Lavignotte est devenu pasteur et anime maintenant la Maison ouverte à Montreuil (93). Il vient de publier L’Écologie, champ de bataille théologique (éd. Textuel).

Écoutez l’entretien complet de Stéphane Lavignotte dans Les Grands entretiens de Reporterre :

Reporterre — Stéphane Lavignotte, vous croyez en Dieu. Ça veut dire quoi, « croire » ?

Je « crois », ça veut dire que je n’en suis pas sûr, que je doute, que je ressens des choses. Croire, ça commence par se poser devant un paysage, et être bouleversé par la grandeur, l’immensité, la profondeur, et se dire « il y a quelque chose plutôt que rien ». C’est une sensation d’émerveillement, mais aussi un sentiment intime, le sentiment de ne pas être seul, que même quand il n’y a personne, il y a une épaule sur laquelle je peux poser ma tête.

Vous avez grandi dans un milieu écolo et votre foi est venue quand vous aviez 25 ou 30 ans. Que s’est-il passé ?

Je suis d’une famille de Lorrains catholiques, des ouvriers de la vallée de la Fensch, où il y avait de la sidérurgie et de la chimie. Du côté paternel, ils étaient protestants mais avaient abandonné après Mai 68. À la fin des années 1990, j’étais militant à la naissance de ma deuxième fille. J’ai senti un manque. Il y avait les programmes des Verts, mais il manquait un fondement. Et par rapport à ma fille, je me suis demandé ce que je lui transmettrais. J’ai commencé à lire le Nouveau Testament, à lire les textes du philosophe protestant Olivier Abel, à lire le journal [protestant] Réforme.

Et puis, en août 1997, le collectif des sans-papiers a occupé le temple des Batignolles. J’étais militant dans le collectif citoyen qui les accompagnait. Pour la première fois de ma vie, j’ai mis les pieds dans un temple. La communauté protestante a dit « Vous ne nous occupez pas, c’est nous qui vous accueillons. Parce que la seule chose sacrée, ce n’est pas ce bâtiment, c’est votre dignité ». Je me suis pris une baffe. Et ça a été le début d’un parcours qui m’a conduit à devenir pasteur. Je suis pasteur à la Mission populaire, un réseau de centres sociaux, où y a une dimension de travail social, d’engagement militant sur les questions internationales, sur les sans-papiers, dans les quartiers populaires.

Quel est le lien entre la foi, la religion et l’écologie ?

J’ai grandi dans un milieu écolo, dans les années 1970. Et puis il y a eu cette découverte de la…

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Auteur: Hervé Kempf Reporterre