Stopper la destruction des sols, un vrai casse-tête

Vous lisez la première partie de l’enquête « La fin des sols artificialisés, un objectif lointain ».


Nouveaux lotissements, usines, infrastructures… En France, croissance rime avec constructions. Que ce soit pour attirer des habitants, créer des emplois ou générer des ressources fiscales, les communes se redessinent, multiplient les chantiers. Mais tous ces projets contribuent à détruire les qualités écologiques des terrains qui les accueillent. Les bulldozers anéantissent, de façon quasi irréversible, des refuges de biodiversité, des sols fertiles et des réservoirs de carbone. C’est ce qu’on appelle l’artificialisation. Entre 1982 et 2018, les espaces artificialisés ont crû de 72 % en France métropolitaine, passant de 2,9 à 5 millions d’hectares, soit en moyenne 57 600 hectares par an. Plusieurs législations se sont succédé dans le but de limiter les effets délétères de la destruction des sols. La dernière en date : l’objectif « zéro artificialisation nette ».

Après une décennie de réformes peu fructueuses, l’objectif « zéro artificialisation nette » a été annoncé en 2018 dans le Plan biodiversité présenté par le gouvernement, sans horizon déterminé ni mesures précises. Il a ensuite été intégré à la loi Climat de 2021. Pour atteindre la zéro artificialisation nette en 2050, « la consommation totale d’espace observée à l’échelle nationale [doit être] inférieure à la moitié de celle observée sur les dix [dernières] années », précise la loi. Le « nette » sous-entend également qu’il sera possible de compenser l’artificialisation en « désartificialisant » d’autres espaces. Dans l’immédiat, il ne s’agit donc pas d’arrêter l’artificialisation, mais simplement de ralentir le rythme de la « consommation d’espaces ».

© Clarisse Albertini/Reporterre

Le casse-tête de la « consommation d’espaces »

Qu’est-ce que la « consommation d’espaces » ? Et comment la calcule-t-on ? Pour le comprendre, il faut se plonger dans le jargon des aménageurs. Dans les plans d’urbanisme, il existe différentes catégories. Les zones N (naturelles) sont des espaces où les possibilités de construction sont limitées en raison de leur intérêt environnemental, par exemple des forêts ou des prairies. Les zones A (agricoles) ont également des possibilités limitées de construction. Les zones U (urbanisées) abritent des constructions, et les zones AU (à urbaniser) sont destinées à accueillir des constructions.

Dans un premier temps, donc, l’objectif est d’arrêter de construire sur des espaces qui ont été auparavant naturels, agricoles et forestiers (on dit aussi Enaf). Cela permet de limiter l’étalement urbain…

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Auteur: Héloïse Leussier Reporterre