Stoppons le « carnage écologique, culturel et social » de l'agriculture francilienne

Gaspard Manesse est maraîcher et porte-parole de la Confédération paysanne Île-de-France.


Les « marches des terres » auront lieu les 9 et 10 octobre, à l’initiative de plusieurs foyers de lutte franciliens, rassemblés dans le mouvement des « soulèvements de la Terre ».

L’Île-de-France, bassin fertile, a engendré Paris, ses bonnes terres prodiguant d’abondantes récoltes pour une population humaine massive. Elle est aujourd’hui victime de son succès. Les deux axes majeurs signant le ravage écologique en cours, changement climatique et effondrement de la biodiversité, sont patents : disparition des insectes et oiseaux, canicules, inondations, tempêtes…

L’enjeu alimentaire y est réel : un cinquième de la population française y vit, et aspire en grande partie à avoir accès à une alimentation saine, de qualité, locale et écologique, et à pouvoir vivre dans un environnement moins pollué, avec des milieux « verts », des paysages, de l’air et de la fraîcheur.

Les industriels et les pouvoirs publics l’ont bien compris. Toutes les communications officielles se déclinent en « éco- », la transition est partout, le « bio local » est le nouvel argument de vente… le vert coule à flots. Mais qu’en est-il de la réalité agricole du territoire francilien ?

Disparues, les fermes paysannes autonomes diversifiées en polyculture élevage alimentant leurs territoires

Brossons le tableau actuel. La quasi-totalité des surfaces sont cultivées en « grandes cultures », des champs mono-espèces en « open field », ou champ ouvert, sans arbres ni haies. Donc pas d’espace pour la biodiversité, érosion des sols, ruissellement et inondations garantis. Bien que l’agriculture biologique se soit développée (surtout de façon industrielle) ces dernières années, 95 % des surfaces restent cultivées en agriculture « conventionnelle », avec pesticides et engrais chimiques de synthèse. La plus grande partie de ces productions n’est pas destinée à l’alimentation humaine ou locale, mais à l’alimentation animale (plutôt industrielle) ou à l’exportation, et à la « biomasse énergie », en plein essor.

La région produit beaucoup plus de céréales et autres productions industrielles (colza, maïs, etc.) que ce qu’elle consomme, alors que le déficit en fruits, légumes et produits animaux est abyssal — les Amap s’arrachent les producteurs locaux. Rien n’est vraiment mis en œuvre pour que cette situation change.

Historiquement, les fermes se transmettaient via un lien…

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Auteur: Reporterre