« 55 ans après les faits, pour la seconde fois, je vais m’efforcer de raconter deux journées de mon adolescence qui me hantent et que je ne cesse de me reprocher. » Alors que notre appel à témoignage touchait à sa fin, nous avons reçu ces mots de Denise*, 71 ans aujourd’hui, sur les viols qu’elle a subis à l’âge de 16 ans. Par crainte que « ça gâche tout », son mari n’en a jamais rien su. La seule personne à qui elle en a parlé, c’est un psychologue.
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« J’avais une quarantaine d’années et les seuls mots que ce thérapeute homme (qui m’a beaucoup aidée par ailleurs) a trouvé à me dire furent : ‘Cet homme avait un problème avec les femmes.’ Sur ma blessure ? Rien. Pourtant, ces faits, ce vécu, cette fâcheuse rencontre ont eu un impact négatif important sur ma vie amoureuse, sensuelle, sexuelle et mon attitude vis-à-vis des hommes. » 55 ans après les faits, Denise* témoigne du poids d’un traumatisme et de la culpabilité qu’elle porte encore. Ses mots révèlent la difficulté de parler à nouveau lorsque la parole a été balayée et les violences minimisées, comme le révèlent les 54 autres témoignages recueillis par Politis depuis fin mars.
Les prénoms suivis d’une astérisque ont été changés.
Un système de silenciation, que les chercheur.euses, féministes, et personnes ayant vécu des violences savent déjà, mais dont nous voulions nous saisir en tant que média. Pour cela, nous souhaitions questionner la notion de « libération de la parole » dont on entend parler depuis #MeToo, en recueillant le récit des personnes anonymes ayant été victimes de violences sexistes et sexuelles. L’appel à…
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Auteur: Pauline Migevant