Suppression de la redevance : « Les salariés de l'audiovisuel public ne pourront pas porter seuls le débat. Et il ne le faut pas ! »

Acrimed : À ce stade, quelles sont les revendications des syndicats de l’audiovisuel public et au-delà, que pouvez-vous nous dire des enjeux de la mobilisation ?

Jean-Hervé Guilcher : Ce qui est revendiqué, c’est le maintien de la redevance, le maintien d’un mode de financement indépendant et affecté qui sécurise la pérennité, l’avenir et l’indépendance de l’audiovisuel public. Depuis des années, on milite pour une réforme de la redevance, et elle aurait déjà dû être menée ! On sait que la redevance est assise sur la possession d’un téléviseur et que c’est un mode de perception obsolète vue la consommation aujourd’hui des contenus. Et nous, on milite évidemment pour une réforme à l’instar de ce qui a pu se faire en Allemagne : une redevance universelle, qui est non pas liée à la possession d’un téléviseur, mais qui présuppose le fait que n’importe quel citoyen français est en capacité d’accéder aux contenus que produit l’audiovisuel public, par quelque moyen que ce soit.

Lionel Thompson : Nous revendiquons une redevance universelle, avec des exemptions sur critères sociaux, ce qui serait d’ailleurs plus juste qu’aujourd’hui. Mais les positions des différents syndicats, en particulier à Radio France, ne se rejoignent pas forcément sur l’idée de revendiquer autre chose que le maintien d’un financement au niveau de la redevance actuelle. De ce point de vue, le préavis qui a été déposé hier [20 juin, NDLR] est moins précis, malheureusement, que celui qui a été déposé à France Télévisions. Mais il a le mérite d’exister et d’être intersyndical, et je pense qu’il y aura du monde en grève le 28 juin.

Fernando Malverde : Cette suppression de la redevance est complètement passée sous les radars du débat politique, elle n’a pratiquement pas été abordée pendant les campagnes électorales. Emmanuel Macron avance ça comme une baisse d’impôts, ce qui peut passer comme quelque chose de positif. Donc c’est vraiment un contexte qui est très difficile, très délicat. J’ai même l’impression que dans l’entreprise, à France Télévisions et Radio France, la mobilisation risque de ne pas être aussi forte qu’elle a pu l’être par le passé, par exemple quand Sarkozy avait annoncé la suppression de la publicité.

J.-H. G. : En prenant ce débat par le biais du pouvoir d’achat des gens, on escamote toute la question. C’est-à-dire qu’on ne mène pas le débat sur ce que doit être l’audiovisuel public, on ne le prend que par le biais…

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Auteur: Un collectif d’Acrimed Acrimed