Dès sa nomination comme présidente d’Arte, en 2011, Véronique Cayla lance « 28 minutes ». Vitrine d’une nouvelle grille moins austère, l’émission participe d’une stratégie visant à faire oublier l’élitisme désincarné des premières années de la chaîne franco-allemande. « En dehors de son JT, Arte était déconnectée du monde contemporain […] « 28 minutes » est un magazine d’information pondéré, réfléchi et tourné vers l’international, où Élisabeth Quin [l’animatrice principale] bénéficie d’une liberté absolue », s’auto-félicitait Cayla à l’issue de son mandat. « La nouvelle direction voulait une émission quotidienne ancrée dans l’actualité. Un programme incarné sur un mode décalé et décontracté, pour rapprocher la chaîne des téléspectateurs », complétera la productrice du programme, Sandrine Beyne, dans Le Monde diplomatique. C’est elle qui choisit les invités de l’émission. « Décalée » et « décontractée » sur la forme, mais conformiste sur le fond, au regard des orientations éditoriales dominantes dans le paysage audiovisuel français.
« Le discours dominant de « 28 minutes » y est celui du centre-gauche », résume une intervenante invitée sur le plateau à plusieurs reprises, sous couvert d’anonymat. En harmonie avec la ligne éditoriale d’Arte, l’émission se veut plutôt progressiste, au sens sociétal du terme, c’est-à-dire relativement empathique avec les réfugiés ; raisonnablement favorable aux causes féministes et antiracistes ; écologiste avec modération ; adepte d’un social-libéralisme à visage humain en économie ; fédéraliste et libre-échangiste en matière de construction européenne ; alignée sur l’occidentalisme philo-américain à l’international, du moins avant l’élection de Donald Trump. Autoproclamée camp du bien et de la raison, cette république des sachants exclut les tristes tropismes extrémistes, de droite et…
Auteur: David Garcia