Sur ces terres, ils expérimentent le zéro glyphosate

Beaucouzé (Maine-et-Loire), reportage

Les pommiers sont sagement palissés et alignés, un goutte-à-goutte colore la terre à leur pied. En cette saison, les fruits ne font que la taille d’une cerise. Ici, à Beaucouzé (Maine-et-Loire), tout ressemble au verger d’un agriculteur, sauf que nous sommes dans un centre de recherche. Installée sur deux sites près d’Angers, l’Unité expérimentale horticole de l’Inrae gère une cinquantaine d’hectares de plantations. Des milliers de variétés d’arbres fruitiers sont conservées et observées. « On cherche comment utiliser moins d’eau, moins d’engrais, moins de produits phytosanitaires », explique le directeur de l’unité, Arnaud Lemarquand. Le centre développe des variétés résistantes aux maladies ou des techniques pour se passer de pesticides… et a dû, comme le reste des centres de l’Inrae, arrêter l’utilisation du glyphosate.

Un objectif politique, parti d’une promesse d’Emmanuel Macron en novembre 2017 : il avait affiché vouloir sortir la France du glyphosate en trois ans. « L’idée était que l’institut prenne les risques plutôt que la profession agricole, on avait deux ans », précise Arnaud Lemarquand. Entre-temps, Emmanuel Macron a enterré sa promesse, mais l’Inrae, lui, a bien rempli l’objectif. Depuis le 1er janvier 2021, l’herbicide est banni des parcelles gérées par l’institut de recherche national.

Dans le verger, l’herbe est acceptée, mais pas n’importe où : elle pousse au centre des allées, y est régulièrement tondue. En revanche, sur une quarantaine de centimètres de chaque côté des fruitiers, la terre est nue. On considère que les « adventices » — les plantes qui poussent sans y avoir été invitées — font concurrence aux arbres fruitiers, en pompant une partie de l’eau et des minéraux qui leur sont destinés. Tout l’enjeu est d’intervenir dans cette zone sensible, car proche des arbres.

Au volant, Ludovic Bervas retourne la terre pour déraciner les adventices. © Mathieu Génon/Reporterre

« Autrefois on les enlevait à la binette ou à la charrue, et depuis cinquante ans c’est avec le chimique, explique Arnaud Lemarquand. Le glyphosate n’est pas cher et très efficace, il suffit d’une goutte sur une feuille pour qu’il détruise la plante jusqu’à la racine. Sans, c’est plus compliqué. » Le directeur a dû lever des obstacles culturels. « Il a fallu convaincre certains collègues que s’il restait quelques adventices dans les rangs cela ne nuirait pas aux…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre