Sur la nécessité de déserter – 1

La Patrie. A l’heure où des politicien.ne.s français.e.s se proposent de capter le peuple par une rhétorique de la patrie à portée de critique de ChatGPT, il me paraît plus que jamais nécessaire à moi qui suis né et vis en France, de travailler contre la patrie française. Travail qui passera par une réflexion sur la notion de peuple et sur le sentiment d’appartenance à un territoire, sans oublier d’introduire la variante de la classe, au nom de laquelle on proclama un peu vite au XIXe siècle que « les prolétaires n’ont pas de patrie ». C’était avant que les soulèvements des peuples colonisés ne viennent rappeler une évidence que l’on a un peu tendance à oublier ces temps-ci, à savoir que l’attachement à une terre et à la communauté qui y vit, de Gaza à l’Ukraine, n’est pas de la même nature que l’attachement de Netanyahou au Grand Israël ou de Poutine à la Grande Russie. C’est pourquoi, on se proposera dans ces chroniques de rendre compte de livres qui fournissent quelques éléments de réponse à des questions qui vont revenir nous hanter : pourquoi et quand déserter ? Pourquoi et quand résister ?

Ce lundi, on vous propose de suivre le récit d’une vie, celle de l’ami Jorge Valadas (Charles Reeve), déserteur des guerres coloniales du Portugal de Salazar, devenu globe-trotter des révolutions et auteur de livres remarquables, depuis Le Tigre de Papier- le développement du capitalisme en Chine (Ed. Spartacus) qui, dès 1972 dénonçait la fumisterie maoïste et ses crimes, jusqu’à son Socialisme sauvage (L’Echappée, 2018), remarquable synthèse historique sur l’histoire mondiale de l’auto-organisation prolétarienne.

Itinéraires du refus est un récit intime, qui approche au plus près, dès l’enfance, la recherche de ce qui a pu faire germer chez ce fils d’un admirateur de Salazar la fleur de la révolte. Est-ce d’avoir perçu très tôt la complicité entre sa mère et la…

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Auteur: dev