En mai dernier, nous publiions une rapide traduction d’un texte important : Sur la pandémie actuelle, d’après le point de vue d’Ivan Illich de David Cayley. Ce mois-ci, les éditions du Nouveau Palais republient ce texte en illustration du travail photographique de Myr Muratet. Le livre s’intitule Silent Blocks. Voici donc cette nouvelle et meilleur traduction réalisée par Pierre-Louis Brunet et accompagnée de certaines des photographies qui font le cœur de l’ouvrage.
Illustration : Paris, rue de Rivoli, le Louvre – vendredi 20 mars 2020
La semaine dernière, j’ai commencé à écrire un texte au sujet de la pandémie qui sévit actuellement, afin d’aborder la question principale qu’elle soulève à mes yeux : le lourd et coûteux effort pour endiguer et limiter les maux causés par le virus est-il l’unique solution qui s’offre à nous ? N’est-ce qu’un exercice logique et inévitable, dicté par la prudence, afin de protéger les plus vulnérables ? Ou bien s’agit-il d’un effort désastreux pour contrôler ce qui est manifestement hors de tout contrôle ? Un effort qui cumule les dégâts provoqués par la maladie à d’autres problèmes, dont les répercussions se poursuivront jusque dans un avenir lointain ? Je me suis vite rendu compte que la plupart de mes hypothèses, qui découlent d’une longue réflexion sur les travaux d’Ivan Illich, sont très éloignées de celles que j’entends. J’en ai déduit qu’avant de pouvoir parler clairement des circonstances actuelles, il me fallait d’abord expliquer la vision d’Ivan Illich, qui a passé sa vie à réfléchir sur la santé, la médecine et la question du bien-être. Je vais donc commencer par présenter de façon succincte l’évolution de la critique qu’Illich fait de la biomédecine, après quoi j’essaierai de répondre aux questions soulevées précédemment.
En introduction de La Convivialité, écrit en 1973, Illich décrit ce qu’il pensait être la trajectoire classique de développement des institutions contemporaines, en prenant l’exemple de la médecine. Elle a selon lui connu deux « tournants décisifs » au cours de son histoire. Le premier se situe au début du XXe siècle, à l’époque où les traitements médicaux commencent à faire leurs preuves et que leurs bienfaits commencent, en général, à prendre le pas sur les maux qu’ils soignent. Pour nombre d’historiens, c’est là le seul repère valable : à partir de ce tournant, le progrès doit indéfiniment poursuivre son chemin, peu importe…
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Auteur: lundimatin