Sur le parti : de Marx à Marx. Un texte de Rossana Rossanda

Le texte que nous republions est parmi les plus connus et traduits de Rossana Rossanda[1]. Il porte avec une intensité exceptionnelle la marque de son époque et l’acuité intellectuelle et politique de son autrice. Son écriture et sa parution (octobre 1969) est contemporaine à la fois du début du processus d’exclusion du groupe des animateurs d’Il Manifesto (l’exclusion elle-même fut prononcée en novembre) et de ce que l’on appelé « l’automne chaud » italien, à savoir le point plus haut atteint par la lutte ouvrière et populaire non seulement en Italie mais sans doute sans doute en Europe de l’Ouest après la Seconde Guerre mondiale.

De gauche à droite : Lucio Magri, Rossana Rossanda, Eliseo Milani et Luciana Castellina dans une réunion de rédaction d’Il Manifesto.

Les germes de cet « automne chaud » se trouvent dans le « mai rampant » au cours des trois années qui l’ont précédé et qui a entraîné dans une dynamique de mobilisation prolongée et ascendante la jeunesse lycéenne et, surtout, étudiante, ainsi que la classe ouvrière. La spécificité du mai italien, par rapport en particulier au 68 français, se trouve dans son étendue spatiale et temporelle et dans des formes beaucoup plus avancées de « rencontre » entre les secteurs ouvriers et étudiants. De là naît une dynamique de radicalisation explosive, qui bouscule l’ensemble des cadres établis (syndicaux et partidaires) dans lesquels se mène la lutte de classes[2].

Dans la continuité de l’intérêt que porte la gauche « ingraïenne » du Parti Communiste Italien aux mouvements sociaux, mais libéré des contraintes imposées par un débat strictement interne, Il Manifesto suit avec une extrême attention le cours impétueux des mobilisations. Dans un texte paru dans le premier numéro de la revue (juin 1969), intitulé avec prescience « Vers l’automne chaud »[3], Lucio Magri, la principale plume avec Rossanda, constate que « la…

Auteur: redaction
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