Sur le pouvoir destituant

Ces dernières années, le concept de destitution s’est imposé dans les discussions stratégiques, politiques et philosophiques du « parti de la subversion ». Nous publions cette semaine un entretien du philosophe italien Mario Tronti dans lequel il évoque pour la première fois cette idée de pouvoir destituant. Paru en 2008 dans la revue italo-française « La rose de personne » dédiée au soulèvement des banlieues françaises de 2005, ce texte était jusqu’à présent resté très confidentiel. Il vient d’être exhumé par nos amis de la revue états-unienne Ill Will qui l’ont traduit et agrémenté d’une préface brillante d’Idris Robinson. Bonne lecture.

C’est avec une grande satisfaction que je vous présente la traduction anglaise tant attendue de l’interview de Mario Tronti sur le pouvoir destituant. Dans mes différentes réflexions sur le sujet, j’ai parlé de lui avec beaucoup d’emphase, comme de « la clef de voûte de l’opéraïsme  », du « parangon du marxisme italien » et même de « la dernière incarnation vivante du communisme lui-même ». Mais, malgré mes propres penchants pour l’hyperbole, ces termes d’affection exagérés étaient destinés à faire allusion à la façon dont Tronti tend à se voir lui-même comme un homme d’un autre temps, piégé dans une époque inconnue et hostile.

D’une manière certes assez maladroite, j’essayais aussi de faire un plaidoyer en faveur des interventions plus récentes de Tronti, comme l’interview que l’on trouvera ci-dessous. Indépendamment de leurs autres mérites, la valeur de ces interventions réside particulièrement dans la volonté de reconnaître les défaites et les échecs qui ont accompagné les cinq dernières décennies de triomphe du capitalisme néolibéral. Ainsi, Tronti devrait être crédité d’avoir eu l’audace de dire « Nous ne gagnons pas », contrairement au slogan altermondialiste vide de sens, et d’avoir eu le courage de reconnaître la débâcle pour ce qu’elle est vraiment.

Comme d’autres l’ont déjà signalé, parfois les gestes les plus forts consistent simplement à refuser de chercher une lueur d’espoir dans des circonstances qui ne peuvent engendrer rien d’autre que la misère et l’angoisse. Pour des raisons similaires, un autre camarade italien a écrit un jour : « Le marxisme n’est pas la doctrine pour comprendre les révolutions, mais les contre-révolutions : tout le monde sait comment agir au moment de la victoire, mais rares sont ceux qui savent quoi faire quand…

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Auteur: lundimatin