Sur l'élection et la crise américaine

Le feuilleton de l’élection américaine a animé les commentateurs depuis bientôt deux semaines. Ce que l’on peut a minima constater c’est que les « incidents » voire la « guerre civile » que d’aucuns annonçaient ne s’est pas produite. Et que la « transition » devrait bien avoir lieu. Dans un texte que nous publions cette semaine (traduction d’un article paru dans The Brooklyn Rail) Paul Mattick Jr tente de tirer quelques enseignements de la victoire de Joe Biden, et livre au passage une autopsie de la nature du pouvoir trumpiste. Charles Reeve revient ici sur la pertinence des analyses de Paul Mattick Jr. Nous conseillons de lire ce premier texte comme une introduction au second.

Toute élection donne une photo d’une société à un moment donné. Si les sociétés sont, par leur nature de classe, des formations en mouvement, le moment arrêté capturé par la photo ne transmet pas ce mouvement. Ce qui est visible n’est pas tout le réel même si des aspects du visible sont l’expression du mouvement de la société et annoncent son devenir.

Ainsi, même pour ceux et celles qui ne confondent pas la lutte pour l’exercice d’une démocratie réelle avec les pratiques passives de la représentativité, la photo électorale a son importance ; elle révèle l’état des rapports de force politiques, donne la mesure des forces à l’œuvre dans le mouvement de la société, éclaire des points de conflit. Les récentes élections nord-américaines, au-delà du caractère complexe, obscur et particulièrement imparfait du système spécifique de représentation, ont une importance indéniable car elles se déroulent dans le cadre d’une des plus riches et puissantes sociétés, sinon la plus riche, du monde capitaliste, à un stade particulièrement déséquilibré de son histoire. La profonde crise politique et sociale qui traverse les États-Unis s’enracine dans une longue période de stagnation économique…

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