Sur les boucles Telegram, du lavage de cerveau, du sectarisme et beaucoup d’argent

Ceux qui croient à une « théorie du complot » tiennent cette dernière pour vraie, et en déduisent certaines conséquences, qui peuvent être pratiques.

Pierre-André Taguieff

Depuis les manifestations « anti-vax » et anti-pass sanitaire, nous avons découvert un vaste réseau de canaux Telegram, que nous avons suivis intensivement. Sur ces canaux, qui touchent des centaines de milliers de personnes, des centaines de messages sont postés chaque semaine. Au-delà des théories complotistes anti-vaccin génocidaires, des réminiscences antisémites, homophobes, et des pseudo-sciences, le monde Qanon prévaut. Avec l’appui de médias alternatifs et de personnages influents, ces boucles Telegram nourrissent bien souvent le terreau de l’extrême-droite.

Le web et la détresse intellectuelle et sociale

Le flux, le réseau, l’information, la réalité, la vérité. Des théories, des idées, des concepts qui flottent et sont saisis, digérés, puis envoyés dans l’espace public à travers des mécaniques et mécanismes autonomes, qui transforment la réalité factuelle en nouvelles fictions. Le monde nouveau, digital, semble échapper à « ceux » qui ont autrefois façonné les piliers des vérités historiques et scientifiques absolues. Le roman national, les récits historiques se modifient, la lucidité se mêle à l’obscurité, l’art de bien penser est remplacé par le verbiage, et le web offre de la « puissance numérique » à tous et toutes, sans discernement.

Cet accès monumental à la connaissance, à l’information, aux vérités historiques et scientifiques via le web, est sans doute une étape évolutive de l’histoire des peuples. Cependant, ce pouvoir cognitif numérique, qui devrait être synonyme d’une amplification des outils démocratiques, génère plutôt massivement un contre-flux qui vise à désinformer, puis réinformer les populations. Pendant ces dernières décennies, les États, les élites dominantes, qui veulent pérenniser l’ancien monde du pétrole, des guerres sanglantes, de la faim, des inégalités sociales, utilisent le web pour créer des « divergences et contractions » sur le changement climatique, la menace terroriste, l’immigration, la notion de démocratie. Cet « État profond », bien réel et éloigné des fantasmes complotistes, veut conserver ses outils de domination, ses revenus, et maintenir la servitude inhérente au monde capitaliste. C’est-à-dire, un modus operandi, une doxa, construite pour injecter dans l’espace médiatique une série de contre-vérités…

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Auteur: Ricardo Parreira