« Sur les déchets nucléaires, nous sommes déjà en train de déplacer le problème sur trois générations »

En France, les partisans du nucléaire défendent volontiers que l’énergie atomique serait une solution à la crise climatique, les centrales nucléaires émettant très peu de CO2. À Bruxelles, l’Union européenne étudie en ce moment si elle classera – ou non – le nucléaire parmi les énergies dites « soutenables ». C’est l’enjeu de ce qui s’appelle en langage bureaucratique européen la « taxonomie verte » ou « taxonomie durable » : établir la liste des activités vertes qui contribuent à la transition écologique.

Derrière, il est question d’argent : l’objectif de cette taxonomie est de définir quelles activités pourront faire l’objet de financements publics dans le but atteindre la neutralité carbone en 2050. L’outil pourrait ainsi changer la donne en matière d’investissements dans les différentes énergies. La taxonomie établit six objectifs environnementaux : promouvoir l’économie circulaire, éviter et contrôler la pollution, protéger la biodiversité, protéger les ressources aquatiques et marines, atténuer le changement climatique et s’y adapter. Pour qu’un investissement soit qualifié de vert, il doit contribuer à l’un d’eux et ne pas causer de préjudice aux cinq autres.

Dans cette perspective, le nucléaire peut-il être considéré comme une énergie soutenable ? Pour répondre à cette question, Jan Haverkamp, expert énergétique et nucléaire pour Greenpeace, a soumis l’énergie nucléaire à 26 critères de soutenabilité. Ceux-ci touchent au volet technique de la production – émissions de CO2, risques d’accident aux conséquences majeures, déchets… Ils s’étendent aussi aux aspects économiques, sociaux et politiques : transparence des financements, effets sur la concentration du pouvoir, charge financière aux futures générations, renforcement de la démocratie, pas de contribution aux tensions militaires…. Entretien.

Basta !  : Comment avez-vous établi les 26 critères de soutenabilité des énergies ?

Jan Haverkamp : Nous nous sommes basés sur les critères de soutenabilité du rapport Brundtland [le rapport qui a créé la notion de développement durable, au moment du Sommet de la Terre de 1992, ndlr] et sur le principe de « ne pas causer de préjudice » acté dans le Pacte vert (Green deal) européen. Sur ces bases, il est rapidement devenu clair que ces critères de soutenabilité ne concernent pas seulement des questions environnementales et techniques, mais aussi des questions financières, sociales et politiques. Les aspects…

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Auteur: Rachel Knaebel