Sur l'origine Sars-Cov2, « on tente d'expliquer les zones d'ombre »

Étienne Decroly est directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) au laboratoire Architecture et fonctions des macromolécules biologiques (CNRS/Aix-Marseille Université), membre de la Société française de virologie.


Étienne Decroly.


Reporterre — Dix mois après la description des premiers cas officiels de Sars-CoV2, à Wuhan, que sait-on des origines de ce virus ?Étienne Decroly — Nous avons un certain nombre de faits établis, et puis des hypothèses tentant d’expliquer les zones d’ombre. Ce que l’on sait, c’est que les coronavirus constituent une famille de virus bien connus qui circulent principalement chez les chauves-souris, dont ils infectent près de 500 espèces, mais aussi chez d’autres animaux. Ces virus peuvent franchir la barrière d’espèce et provoquer épisodiquement des épidémies chez les humains, cela a déjà été le cas à plusieurs reprises.

Jusqu’ici, il n’y a jamais eu de passage direct de la chauve-souris à l’humain responsable d’épidémie, et un tel passage était considéré comme très peu plausible. Pourquoi ? Parce que les habitats des humains et des chauves-souris se recoupent peu, et surtout parce que la distance génétique entre les humains et la chauve-souris est assez importante — ces animaux et nous-mêmes n’avons donc pas exactement les mêmes récepteurs, ces molécules par lesquelles les virus s’accrochent à leurs hôtes. En général, il faut donc un hôte intermédiaire, un animal pour faire la transition. Cet animal a été la civette (un petit carnivore) dans le cas du Sars-CoV1, et le dromadaire dans le cas du Mers-CoV, pour citer deux coronavirus récemment passés de la chauve-souris à l’Homme.

Concernant le Sars-CoV2, son génome indique qu’il est proche d’un virus de chauve-souris nommé RaTG13… mais pas assez proche pour qu’un passage direct soit vraisemblable. C’est un peu comme si on tenait le grand-père du virus actuel,…

Auteur: Yves Sciama Reporterre
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