Sur son voilier fait maison, Yann Quénet a fait le tour du monde

On ne sort pas intact d’une rencontre avec Yann Quénet. On toque à la porte du navigateur en adulte responsable, sûre de ses choix de vie et de son programme pour les cinquante prochaines années. On en ressort avec des semelles de vent, l’esprit ébouriffé et une envie irrépressible de prendre la mer.

Âgé de 53 ans, Yann Quénet vient de boucler son premier tour du monde en solitaire, réalisé sur un voilier autoconstruit de 4 mètres. 4 mètres, pour un bateau, ce n’est pas grand-chose : plus long qu’une table à manger, plus court qu’un SUV. L’aventurier nous reçoit dans son atelier de Saint-Brieuc, où il s’est établi depuis son retour à terre, en août. Une odeur de sciure et de vieille pierre imprègne les lieux. Perceuses, marteaux et tournevis recouvrent les murs. Au milieu de ce bric-à-brac trône Baluchon, le minuscule navire sur lequel Yann Quénet a passé les trois dernières années.

« Voilà la bête », sourit le navigateur en caressant la coque grenadine. À l’intérieur, ni cordage exotique, ni voile en carbone, ni aucun des joujoux hypertechnologiques prisés par la plupart des plaisanciers et des coureurs au large. Seulement un matelas orange, un panneau solaire, deux-trois couverts, et quelques bidons pour emmagasiner l’eau et la nourriture lors des longues traversées — l’une d’entre elles, entre la Nouvelle-Calédonie et La Réunion, a duré 77 jours.

À l’heure où les milliardaires s’arrachent des « giga-yachts » de 60 mètres de long, où les voiliers s’équipent de micro-ondes, de climatiseurs et de machines à laver, Yann Quénet a fait le pari de la sobriété. « Pour moi, un bateau, c’est tout simple : une caisse en bois, un mât, un bout de tissu et un gouvernail. Le reste, c’est du superflu. Les radars, les ordinateurs, ça ne sert qu’à rassurer les gens. Ça éloigne du contact avec la mer. »

En bateau, « comme on voyage à pied ou à vélo »

Yann Quénet a construit son voilier seul, en limitant le plus possible les matériaux polluants. L’esquif ne comporte même pas de moteur. « Ça ne sert à rien », dit-il d’un air malicieux. Dans les ports, le navigateur se déplaçait à l’aide d’une simple godille — grande pagaie placée à l’arrière du bateau —, sculptée à la…

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Auteur: Hortense Chauvin Reporterre