Surprofits des groupes laitiers, indigence des pouvoirs publics : pourquoi l'avenir du lait bio est en péril

Sur les rayons des supermarchés, les bouteilles de lait bio affichent toujours un prix quasiment double à celui d’un lait conventionnel. Prenons l’exemple d’une bouteille Lactel (du groupe Lactalis) : en juin dernier, le litre en bio coûtait 2,80 euros contre 1,40 euro pour une brique de lait conventionnel.

Pourtant, à l’autre bout de la chaîne, les éleveurs laitiers bio percevaient autour de… 40 centimes le litre, soit sept fois moins ! La situation est inédite : à cette période, ils étaient même moins bien payés que leurs collègues en conventionnel. Si le bio est plus cher dans les étals, c’est donc avant tout en raison des surmarges pratiquées par la grande distribution. Mais ces écarts de prix révèlent aussi les difficultés de rémunération rencontrées par les éleveurs laitiers bio depuis bientôt un an. Un dysfonctionnement qui menace déjà la filière, avec des éleveurs qui préfèrent repasser en agriculture conventionnelle, avec son lot de pesticides, d’engrais chimiques et de pollution des sols et des rivières. Un comble !

Guillaume Hamel, éleveur dans le Calvados, s’est converti au bio il y a une dizaine d’années. « Avant, j’étais dans un schéma hyperproductiviste. Il fallait tripler la production que faisait mon père à base d’engrais, de chimie… on était la tête dans le guidon. » Les crises successives dans la filière l’ont conduit à repenser son modèle. « Pour sortir de cette spirale infernale, nous sommes beaucoup à être passés à partir des années 2010 vers le bio avec des productions plus faibles, mais les plus autonomes possibles. » Le modèle privilégie des vaches dans les prairies, nourries à l’herbe, avec une majorité des aliments produits sur la ferme.

La consommation de lait bio ne suit plus la production

La production laitière biologique s’est développée en parallèle à l’augmentation de la consommation de produits bio. Entre 2015 et 2021, le volume de lait bio produit en France a doublé, passant de 600 millions de litres à 1,2 milliard. D’ici la fin de l’année, 100 millions de litres de lait bio en plus pourraient être collectés, prévoit l’interprofession laitière, en raison des conversions en cours. Contrairement à leurs homologues en conventionnel, les éleveurs bio bénéficiaient de prix stables et en progression constante.

Mais depuis un an, les entreprises peinent à écouler le lait bio – Lactalis, Sodiaal, Agrial et Biolait sont les quatre principaux collecteurs. La consommation n’augmente…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Sophie Chapelle