Survies extraterrestres

Couronné du titre de la plus grande fortune du monde, le 26 aout dernier @elonmusk a télédéclaré que la chute de la natalité constitue une préoccupation plus urgente que le réchauffement terrestre : « Population collapse due to low birth rates is a much bigger risk to civilization than global warming ». Il suffit de suivre la fréquence des vols de son jet privé pour se rendre compte qu’il ne s’agissait point d’une boutade et qu’effectivement il a des soucis beaucoup plus pressants – business oblige – que celui de la pollution atmosphérique. Les réseaux sociaux et l’étude des données en accès libre nous permettent de constater au quotidien les tonnes de CO2 qu’il décharge insouciamment dans l’atmosphère : merci @ElonJet (qui a refusé, au passage, 5000 dollars en échange de la fermeture de son service de renseignement). En même temps, la politique industrielle et technologique menée par l’étincelante SpaceX et projetée vers la visite et la terraformation d’autres planètes, amène de l’eau et de l’imaginaire solutionniste au moulin du déni de la crise climatique.

Sans doute, Elon Musk serait dégouté d’assister au futur raconté par Saul Pandelakis dans La sequence Aardtman (2021) où les missions spatiales traversent ennuyées des galaxies lointaines à la vaine recherche d’un coin habitable tandis que l’espèce humaine s’éteint docilement sur une Terre brûlante. Chute démographique et vains tâtonnements dans l’espace profond : impossible d’imaginer un pire cauchemar ! Est-ce un hasard que le fantasme extra-terrestre soit cultivé par un grand-capitaliste-blanc-anglophone-technophile en lien avec la fascination des exploits high-tech, une pincée de natalisme et un certain refus des limites écologiques ?

Futurismes sans futur

Peut-être qu’il n’est pas nécessaire de remonter jusqu’au travail de la théoricienne éco-féministe Zoë Sofia autour de la période de la Guerre Froide pour répondre : « non, ce n’est pas un hasard : ce n’est que la cristallisation du système autodestructeur dans lequel nous sommes embourbé.es ». Pourtant, en sa compagnie il sera possible de saisir avec plus de clarté ce qui se noue autour de cet exemple très contemporain de « futureless futurism » où convergent des questions démographiques, des enjeux techno-militaires et des problèmes environnementaux. Comment la « simulation extraterrestrialiste promet une fuite des effets destructeurs des corporates » (p. 58) ? Pourquoi « notre high-tech constitue une…

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Auteur: lundimatin