Mimizan (Landes), reportage
Des pins maritimes plantés de manière rectiligne se succèdent sur des kilomètres en bord de routes : le paysage du département des Landes est façonné par la sylviculture intensive. Il n’est guère surprenant que ce soit au cœur de ces plantations d’arbres, sur l’aérodrome de Mimizan, que se déroule du 22 au 24 septembre le salon Forexpo « salon européen de la sylviculture et de l’exploitation forestière ». C’est la 26e édition de ce grand raout de l’industrie forestière européenne, une immense foire dédiée à tous les acteurs de la filière bois.
Le visiteur passe des stands d’élagage à ceux qui exposent des tracteurs de plusieurs tonnes. Dans ce « salon de l’agriculture du bois » se côtoient petits exploitants et géants du secteur, souvent scandinaves, qui poussent à une mécanisation toujours plus grande de l’exploitation forestière.
Un non-sens pour Jacques Hazera, expert forestier et vice-président de Pro silva, une association de forestiers créée pour lutter contre les dérives industrielles du monde sylvicole. « Tout ce matériel a beaucoup grossi, il coûte très cher, il faut compter entre 400 000 et 500 000 euros pour une abatteuse. Pour rembourser, il faut la faire tourner presque 24 heures sur 24, y compris durant les périodes où la sève circule. »
Le passage des tracteurs après les coupes rases abîme encore plus les sols des parcelles forestières.
Pro silva prône une autre forme de sylviculture, sans coupe rase, sans monoculture. Jacques Hazera, lui-même propriétaire d’une forêt, explique : « On s’appuie sur les écosystèmes pour mener une exploitation pérenne. On organise des coupes d’éclaircies pour qu’elles soient fréquentes mais modestes. Tous les quatre ans, je vais prélever environ 15 % du volume. Je l’ai fait en mai dernier sur une parcelle, cela représentait huit arbres par hectare. » Ce rythme selon lui indolore pour la forêt permet son renouvellement.
Dans les arènes de démonstration de Forexpo, le discours est tout autre. Un engin — un porteur — est en démonstration sous les commentaires du constructeur et d’un animateur. Les prouesses technologiques de ce « milieu de gamme » à la « capacité de charge de 13 tonnes » suscitent des commentaires admiratifs de l’animateur. Il poursuit : « La forêt n’a jamais été aussi vaste depuis longtemps. Elle n’est pas en péril comme certains voudraient bien le dire. »
Les démonstrations des machines sont commentées par des…
La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Chloé Rebillard Reporterre