Sympathies fascistes, oppression coloniale, brutalités anti-ouvrières : la face cachée de l'histoire de Michelin

« L’Aventure Michelin », telle qu’elle est présentée au musée clermontois, laisse peu de place à l’Histoire, à l’exception notable de la première guerre mondiale : « Du fond de ma tranchée je reste en contact avec la manufacture qui ne m’oublie pas, m’envoie des colis et me remonte le moral » entend-on en boucle dans la salle consacrée à la grande tragédie, d’une voix qui porte jusqu’aux espaces voisins, suscitant un sourire gêné de quelques visiteurs. Au-delà de l’image d’une entreprise qui soutient ses ouvriers devenus soldats, l’accent est mis sur le patriotisme de Michelin, qui soutient comme nulle autre entreprise française l’effort de guerre contre l’Allemagne.

« Pionniers de l’aviation de bombardement dès 1911, peut-on lire sur un cartel du musée, ils poussent à la création d’une aviation militaire. En 1914, Michelin offre à l’armée française 100 cellules d’avions. (…) Michelin aura construit, sans aucun bénéfice, 1584 Bréguet XIV à l’usine de Clermont, avec un rythme taylorien de sept avions par jour. En 1916, Michelin crée à Aulnat la première piste cimentée du monde. » Cet enthousiasme, pour visionnaire qu’il soit, à l’idée de porter la guerre à l’arrière sur les infrastructures et le le monde civil, laisse évidemment songeur, tout comme l’impression donnée d’une entreprise sacrifiée sur l’autel de la victoire.

Michelin, principal bailleur de la Cagoule, organisation terroriste d’extrême droite

La vérité est tout autre. L’entreprise sort considérablement enrichie de la guerre, et a désormais ses entrées au sommet de l’État. Lors des grèves de 1920, où un ouvrier Michelin trouve la mort, lynché par des jeunes devant l’entrée de l’usine, la répression policière et judiciaire est violente. Les pompiers de l’entreprise projettent de l’eau bouillante sur les manifestants qui menacent d’entrer dans l’usine, les condamnations…

Auteur: Olivier Favier
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