Tabor

Apocalypse mélancolique, amours contrariées, magie, fantômes, alcool et autogestion un peu pétée : Tabor est une dystopie cruelle, une histoire d’amour queer incandescente, une rêverie révolutionnaire gothique. Quand Mona et Pauli fuient les mystérieuses inondations qui ravagent le monde, elles rejoignent Tabor, un village autonome et sauvage. Mais le monde d’avant a-t-il vraiment disparu ? D’étranges visiteurs et des désirs inopportuns viennent troubler cette certitude…

Il s’accoude contre un mur l’air de rien pendant qu’on est en train de trier les pommes de terre, qu’on creuse des canaux, qu’on répand du compost, qu’on tente de construire le métier à tisser (une idée de Valérie) ou encore qu’on se livre à d’autres activités plus occultes : choisir les bons cailloux, tresser ensemble des herbes et des fleurs, dresser des autels rustiques. Il s’accoude et il nous pose des questions. Personne ne pense tout de suite au fait qu’il ne travaille pas pendant que nous oui, d’ailleurs bien souvent les étrangers, enfin les visiteurs, ne travaillent pas ou pas beaucoup, ou pas comme nous. Ils aident comme ils peuvent, même s’ils ne connaissent pas le campement, ne nous connaissent pas non plus, même s’ils n’ont pas la conscience secrète que nous possédons de l’urgence, de l’ordre et de la logique des actions à accomplir, comment et pourquoi, tout ce genre de choses. Cela nous semble important et indéniable, il existe un ordre, institué par nous : nous, on a augmenté d’un sens occulte tous nos actes. Valérie, qui ne souscrit pas à la théorie de l’importance des manières mystiques de se comporter et qui aime faire des formules, dit que c’est pour avoir l’impression de vivre et non pas de survivre, ce qui est possible. N’empêche, l’expérience qu’on fait de l’existence est bien celle de la survie, mais on a commencé à se dire que si les choses ne s’améliorent pas c’est parce qu’on ne les fait pas encore efficacement, mais aussi parce qu’on n’a pas encore trouvé les protocoles magiques exacts leur correspondant. Ainsi le respect scrupuleux des rituels établis doit s’augmenter d’explorations toujours renouvelées dans le domaine des rituels possibles, de ceux qui sont véritablement efficaces ou qui, combinés aux rituels existants, pourront élargir le champ de notre puissance. On continue à essayer. On sait à présent pour sûr qu’on se trouve au seuil d’un lieu magique (qui est Tabor et qui ne l’est pas) où il nous est loisible…

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Auteur: lundimatin