« Tant qu'il se comporte bien, il ne sera pas torturé » ou les garanties des États-Unis pour l'extradition de Julian Assange — Luk VERVAET

Baraitser a refusé l’extradition parce que la santé mentale d’Assange était si préoccupante qu’il y avait un risque qu’il se suicide s’il était enfermé dans une prison supermax américaine et/ou placé sous un régime de mesures administratives spéciales (SAM, Special administrative measures). Il s’agissait d’une rare reconnaissance officielle de l’horreur du système carcéral étasunien (1), et d’une confirmation des publications scientifiques (2) et des résolutions des Nations Unies (3) qui assimilent l’isolement prolongé dans une prison supermax à de la torture, tout comme les SAM qui coupent complètement le prisonnier du monde extérieur .

Baraitser a fondé son verdict sur le rapport psychiatrique du professeur Michael Kopelman et peut-être aussi sur les témoignages concernant le système carcéral aux EU. Mais avec son verdict, elle a laissé la porte grande ouverte à l’extradition d’Assange. En ce qui concerne le contenu des accusations, elle s’est rangée résolument du côté des EU. Elle savait pertinemment qu’un verdict fondé uniquement sur la santé mentale d’Assange ne signifie que le report de l’exécution. La santé mentale est en effet discutable et variable dans le temps. Enfin, elle sait que ce n’est pas la première fois que les tribunaux britanniques se penchent sur l’argument des conditions de détention dans les prisons supermax américaines pour s’opposer à l’extradition vers ce pays.

Ainsi, il y a une dizaine d’années, la Grande-Bretagne avait approuvé l’extradition vers les États-Unis de six personnes soupçonnées de terrorisme, dont quatre ressortissants britanniques. Ces derniers ont contesté la décision devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Ils se sont opposés à leur extradition en invoquant les conditions de détention aux États-Unis, la durée possible de la peine, les SAM et l’état de santé de trois d’entre eux. L’un d’eux souffrait du syndrome d’Asperger. En 2012, la CEDH a donné raison à la Grande-Bretagne. La CEDH a jugé qu’il n’y avait « aucun risque que les droits de l’accusé soient violés devant un tribunal américain ». « Que s’il existe en effet une interdiction absolue, en vertu de l’article 3 de la Convention européenne, d’extrader une personne en cas de risque de véritable torture, cela ne s’applique pas à toute forme de mauvais traitement éventuel ». « La question décisive, disait encore la Cour, est de savoir si le risque est réel ou si des garanties diplomatiques et…

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Auteur: Luk VERVAET Le grand soir