Tapirs et Tupis : la macronie sur écoute

Il paraît difficile de soutenir qu’une quelconque élection a eu lieu. Le principal intéressé n’y croyait pas lui-même – cf. ce lapsus limpide avant le débat de l’entre-deux tours : j’ai aussi à répondre de tout ce que nous avons fait durant les cinq années qui viennent. Pour toutes les configurations possibles au premier tour, la statistique promettait invariablement une unique issue au second (ce qui, bien sûr, verrouillait encore un peu plus une situation déjà cadenassée). On peut donc raisonnablement dire qu’il n’y avait qu’un seul candidat, et, tout autour, des participants.

Si une élection est censée nous laisser rêveur quant à la « volonté du peuple » que le résultat est censé exprimer, cette simple reconduction pose, elle, une question plus simple : qu’est-ce qui est reconduit ?

La question semble simple, mais il n’est pas si facile d’y répondre, peut-être, entre autres, parce que les médias dominants entourent les agissements de la macronie d’un rideau de fumée. Tout se passe comme si un étrange pacte était passé, qui consiste à s’accorder sur un « fait » : dans un monde dont on nous dit qu’il est devenu extrême dans ses moindres parties, le seul extrémisme légitime serait celui qui forgerait ses armes à partir des anciens cadres du monde commun. Si bien qu’on essaye de nous faire passer pour républicain le fait de détruire le droit au nom du droit en y implantant durablement des mécanismes d’exception et des lois scélérates ; de retourner la neutralité de la laïcité en machine de guerre – au premier chef contre la religion musulmane ; de changer l’idée même de République en une norme, c’est-à-dire un ensemble de valeurs qui permettent de mesurer les taux de séparatisme dans le tissu national selon qu’on y souscrit ou non ; de faire vibrer la corde du service public qu’on a savamment élimée et de le défendre hardiment contre ses propres usagers, dont l’usage, justement, risquerait désormais de lui être fatal (dans le genre ferme ton bureau de poste pour qu’il reste ouvert, ou confine ton pays pour sauver l’hôpital), – et ainsi de suite jusqu’à la très alléchante « redéfinition de notre contrat social » promise par le porte-parole du gouvernement. Républicain tout cela, qu’on nous dit, c’est-à-dire modéré. Ce qui ne nous aide guère à percevoir cette forme là d’extrémisme, malgré les signaux d’alarme qui se multiplient de toutes parts.

Mais il y a plus, et on ne peut pas toujours rejeter la…

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Auteur: lundimatin