Tarana Burke, Me Too avant #MeToo

Le dimanche 15 octobre 2017, le vibreur du téléphone posé sur sa table de nuit réveille Tarana Burke. Une amie l’a identifiée dans un post Facebook. La publication reprend un tweet : « Si vous avez été sexuellement harcelé ou agressé, écrivez ‘me too’ en réponse à ce tweet. » Tarana Burke ne comprend pas ce qui se passe, d’où vient la publication, et pourquoi son amie la cite sans lui en avoir parlé, comme elle le raconte dans son livre autobiographique Unbound (2021, non traduit en français). Par message, son amie lui explique qu’elle n’est pas à l’origine de la première publication. Elle voulait seulement donner à Tarana Burke le mérite de l’expression « me too » (moi aussi).

Cela fait alors plus de dix ans que la militante œuvre pour libérer la parole et accompagner les victimes dans un processus de guérison. En 2006, elle a fondé l’organisation Me Too aux États-Unis avec cet objectif. L’association se consacre particulièrement aux violences sexuelles infligées aux femmes des minorités, statistiquement plus touchées. 20 % des Afro-Américaines sont victimes de viol au cours de leur vie, un chiffre supérieur à la moyenne des femmes en général, selon l’organisme de recherche Institute for Women’s Policy Research.

Des chiffres qui trouvent en ­partie une explication dans l’histoire du pays. « Vous ne pouvez pas parler de violences sexuelles envers les femmes noires sans parler de l’histoire de l’esclavage. Le système exigeait ces violences sexuelles pour se perpétuer. Elles étaient légales », explique Jameta Nicole Barlow, psychologue et professeure d’écriture à l’université George Washington, qui travaille sur les questions de genre, d’intersectionnalité et de santé.

Mais ce dimanche d’octobre 2017, l’angoisse saisit Tarana Burke. Le tweet en question est celui de l’actrice Alyssa Milano, qui…

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Auteur: Edward Maille