Les droits de douane états-uniens sur les biens indiens passent de 17 % en 2023 à 26 % en 2025. Pourtant, le pays le plus peuplé du monde peut voir dans cette politique agressive des États-Unis une aubaine économique, ce pour trois raisons : sa faible intégration au marché mondial, sa politique d’autonomie stratégique « Atmanirbhar Bharat » et son positionnement d’alternative à la Chine.
Les États-Unis sont le premier client de l’Inde. Ils concentrent 19 % des exportations indiennes. L’Inde s’est considérée comme relativement épargnée par la nouvelle politique douanière américaine dévoilée le 2 avril dernier. Les droits de douane des États-Unis sur les biens indiens passeront de 17 % en 2023, à 26 % en 2025, si le président Trump n’en décale pas une nouvelle fois la prise d’effet…
Ce chiffre de 26 % est bien inférieur aux droits imposés aux autres nations du Sud-Est asiatique, qui, dans une certaine mesure, sont concurrentes de l’industrie indienne. Le Bangladesh, par exemple, se voit imposer des droits de douane à 37 %, le Vietnam 46 % et la Thaïlande 36 %. Certains secteurs clés de l’industrie indienne, comme l’industrie pharmaceutique, sont même exempts de droits supplémentaires. Cette exemption souligne l’importance stratégique des exportations de médicaments génériques de l’Inde vers les États-Unis. Une stratégie douanière à géométrie variable.
L’Inde, qui n’a pas prévu de riposter, a au contraire bon espoir de conclure un accord relativement avantageux grâce aux négociations bilatérales engagées dès février 2025, suite à la visite du premier ministre indien Narendra Modi aux États-Unis.
Réindustrialisation indienne ?
Certains voient dans cette nouvelle politique douanière une occasion pour l’Inde de se réindustrialiser, ce dont elle a grandement besoin pour le développement de son emploi. L’Inde a, au fil des ans, perdu son avantage comparatif…
Auteur: Catherine Bros, Professeur des universités en économie, Université de Tours – LEO, Université de Tours