Taxer les superprofits des fournisseurs d'énergie ?

Chacun s’accorde sur le constat : avec la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine, le cours des matières premières et de l’énergie s’envole. L’inflation augmente également et plombe le pouvoir d’achat des ménages, de manière plus ou moins durable selon les avis et les prévisions. Pour tenter d’endiguer le phénomène, les pays de l’Union européenne ont pris des mesures. En France, le gouvernement a instauré un bouclier tarifaire qui revient à geler le prix des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité. Ces mesures ont un coût, estimé en France à 22 milliards d’euros.

Qui doit financer ces mesures ? Pour l’OCDE, ce financement doit passer par la taxation provisoire des superprofits des groupes énergétiques, une idée à laquelle la Commission européenne est également sensible. En effet, pour Kadri Simon, commissaire européen à l’énergie, « pour mettre en place ces mesures, les États membres ont besoin d’argent. Ils pourraient taxer temporairement les profits excédentaires tirés des prix exceptionnellement élevés de l’électricité. ».

Ailleurs, cette idée fait des émules. La Grande-Bretagne a ainsi annoncé l’instauration d’une taxe de 25 % (pas moins) sur les bénéfices des producteurs d’énergie qui rapporterait 5 milliards de livres (soit environ 5,8 milliards d’euros). L’Italie a également annoncé la création d’une taxe de 10 % sur les bénéfices supplémentaires réalisés par les entreprises de l’énergie, qui permettrait de dégager 4,4 milliards d’euros. Pour justifier cette mesure, Mario Draghi a ainsi déclaré : « taxons une partie des bénéfices extraordinaires que les producteurs réalisent grâce à l’augmentation du coût des matières premières, et redistribuons cet argent aux entreprises et aux familles qui sont en grande difficulté ». La Roumanie a pareillement instauré une taxe similaire. Enfin, en Allemagne, après l’échec de la remise de 30 centimes de taxe par litre de carburant et malgré un vif débat l’opposant aux libéraux, le gouvernement estime nécessaire d’instaurer une taxe sur les profits des raffineries.

Ces taxes sont temporaires et ne s’appliquent qu’aux « superprofits » (ceux générés précisément par la hausse des prix). En France, le gouvernement refuse pourtant depuis des mois de l’envisager. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a déclaré ce 27 juin : « Je vais demander au président de Total, Patrick Pouyanné, de faire à nouveau un effort ». Comme à son habitude, Bruno Le…

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Auteur: Attac France