Témoignage : l’État réprime des familles à la rue

Étudiant en sciences humaines, je suis bénévole chez Utopia 56 Paris depuis un an maintenant. L’association vient en aide de manière inconditionnelle aux personnes à la rue, majoritairement exilées, et gère surtout des situations d’urgence. Fin 2020, je consacrais mes deux premiers billets pour raconter 31h et 32h dans ma vie militante, à propos de la violence institutionnalisée de l’État et par extension de la police à l’égard des personnes sans domicile fixe et exilées notamment. En région parisienne, elles sont des milliers chaque année à subir les conséquences de ces politiques anti-immigration agressives, exclusives et férocement décomplexées.

Il y a un peu plus de deux semaines, le jeudi 28 octobre 2021 s’est tenue sur la place de l’Hôtel de Ville à Paris une action revendicative réclamant aux pouvoirs publics des hébergements pour des familles et mineurs à la rue. Environ 250 personnes exilées étaient présentes sur place pour demander à l’État de respecter la loi, car l’accès à un hébergement pour tou·tes est une obligation légale. Cette action a été violemment réprimée par la police.

J’ai été témoin direct de scènes plus qu’alarmantes. Rien n’a changé depuis l’année dernière. Ou alors cela s’est empiré. Triste et révoltante nécessité, je ne me vois pas ne pas à nouveau témoigner des faits profondément choquants dont j’ai été témoin, et parfois victime.

VOICI MON TÉMOIGNAGE.

◼️10h.

L’action est prévue aux alentours de midi. Je retrouve une partie des familles et des bénévoles à un des différents points de rendez-vous qui ont été donnés. Au moment où j’arrive, une mère épuisée par la nuit passée part prendre un café pour se réchauffer et se préparer pour la journée qui nécessitera beaucoup d’énergie. Elle nous confie son bébé assis sagement dans sa poussette. Paniqué au bout de trente secondes par l’absence de sa mère, l’enfant se met à pleurer. Même après être passé dans les bras de plusieurs mères et bénévoles, inconsolable, ses larmes ne s’arrêteront pas de couler avant que sa mère ne revienne, une dizaine de minutes plus tard.

Le soleil du matin éclaire faiblement les silhouettes, il fait froid. Une femme m’explique en pointant du doigt son mari, assis sur un banc et emmitouflé dans sa doudoune, qu’il est très malade et qu’il ne dort pas de la nuit. Elle s’inquiète beaucoup pour lui. En France, l’accès aux soins pour les personnes exilées est rendu très compliqué. Avant tout, elles ne sont…

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Auteur: CerveauxNonDisponibles