Que la crise du sars-Cov-2 a réveillé un profond besoin de règles, manières d’être et de se tenir
Obéissance à des principes qui ont trait à la vie et à la mort
À des principes de vie qui tiennent la mort à bonne distance
Que si les mots et expressions « responsabilité », « se protéger et protéger les autres », ont si bien « pris » (comme une sauce) dans la population, c’est qu’il y a une soif de cela
Un besoin de parents, au fond, qui énoncent des limites : des lois
Comme si nos propres parents n’avaient pas rempli leur fonction, eux-mêmes enfants des victimes de la guerre ;
Dont les parents n’ont pas toujours vu leurs propres parents les élever – parfois ils les ont perdu, parfois seul le père, parfois seule la mère
Parents eux-mêmes enfants de parents touchés par la première guerre mondiale comme on l’appelle en Europe, celle de 1914-1918, « la grande guerre »
Puis la grippe espagnole
Le typhus dans les camps
Or à l’école, des traumatismes causés par la guerre
On parle comme d’une chose extérieure
Une somme de faits, déclarations, traités, batailles, mobilisés, morts
Les morts restent abstraits, ce sont « les morts »
Ceux qui signent les traités ont un nom, un visage, une histoire
En bas, en haut, pas les mêmes enjeux de représentation
On ne sait même pas pourquoi, le plus souvent, la guerre est déclarée
L’assassinat d’un duc, l’envahissement de la Pologne
Petites histoires de puissants : vengeances
Grandes histoires de peuples : massacres, traumas transmis de génération en génération
Faute de parents – puisque nos parents n’en ont pas eu non plus, et ça remonte jusqu’à loin –, on suit – par besoin – un vocabulaire de parents : on suit des formes en croyant que le fond suit
Que cela ne soit pas le cas est une grande affaire : difficile pour l’esprit à concevoir – il refuse.
Même si riches nous sommes pauvres – ainsi les riches au pouvoir ne supportent-ils pas la vue des pauvres : elle les ramène à leur intériorité, insupportable
Pauvres en amour
Pauvres en assises de fond, ces lignes de forces qui tiennent une personne, lui permettent de tenir dans la tempête, naviguer en eaux profondes
Pauvres victimes de parents qui n’ont pas su l’être
Ou qui ont disparu
Victime de la grande et de la petite histoire
Être victime au fond, c’est bien cela : se sentir désarmé·e par le mouvement de l’histoire, se remettre à qui parle le mieux, le plus fort, le plus nettement
La victime a besoin du bourreau qui l’abat comme…
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Auteur: lundimatin