Terreur et séduction

Qui y a t-il de commun entre la communication du patronat français, une milice à la solde de narco-trafiquants mexicains, des parachutistes dans la guerre d’Algérie, la guerre en Irak et Afghanistan, des opérations secrètes de la Seconde Guerre Mondiale, la féroce répression des dictatures sud-américaines des années 1970 et, entre autre, le maintien de l’ordre colonial français pendant un siècle ?

Une stratégie aux contributions plurielles, étalée sur près de deux siècles, et qui prendra la nom de “Doctrine de Guerre Révolutionnaire” (DGR) durant la décolonisation. C’est l’histoire de cette doctrine contre-insurrectionnelle que raconte Jérémy Rubenstein dans son excellent Terreur et séduction à paraître cette semaine aux éditions de La Découverte. Comme nous l’accueillerons pour un interview vidéo la semaine prochaine, nous en publions ici quelques bonnes feuilles.

« Qu’on le sache ou non, la doctrine de la guerre révolutionnaire s’est insérée dans des domaines les plus variés : les polices, les armées privées, les agences de communication, le management d’entreprises et, dans le fond, dans la manière de penser de très nombreux dirigeants. »

Les enseignements majeurs de la guerre du Rif

L’année 1925, celle où le jeune Lacheroy entre à Saint‐Cyr, est aussi celle où le septuagénaire Lyautey est contraint d’abandonner son « proconsulat » du Maroc, sous statut de protectorat français depuis 1912, où il est à la fois « résident général » et chef des armées. Comme on l’a vu, le maréchal de la Coloniale est alors assez cavalièrement remplacé par un autre maréchal, métropolitain celui‐là, Philippe Pétain, pour écraser la rébellion du Rif menée depuis des années par Abdelkrim. Ce dernier, ancien allié de la puissance coloniale ibérique qui occupait la partie septentrionale du royaume, avait rompu avec elle et organisé depuis 1921 la résistance dans le Rif. Unis sous sa bannière, les Rifains avaient mis en échec l’armée espagnole, notamment lors de la retentissante débâcle à Anoual de juillet 1921. Fort de ses succès militaires, Abdelkrim avait élargi la rébellion rifaine et cherché à construire un État reconnu internationalement, la « République du Rif », bientôt inspirée de la jeune Turquie kémaliste créée en 1923 à l’initiative de Mustafa Kemal Pacha (1881‐1938).

Bien qu’elle suscite alors une vague de sympathie internationale, la jeune république n’obtient…

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Auteur: lundimatin