- Thiers (Puy-de-Dôme), reportage
C’est dans un préfabriqué d’apparence banale que se déroule une expérience sociale. À l’intérieur, Suzanne s’applique sur sa machine à coudre. Sous ses doigts, le pied presseur suture des couches réutilisables. Seul un mur la sépare du hangar où Mustapha, isolé au cœur d’une forêt de meubles, applique sa ponceuse sur le fil d’une commode fatiguée. Par l’ouverture d’une porte de garage, on devine le dos de Gaëtan, qui ausculte puis opère le moteur de l’utilitaire stationné dans son garage solidaire. Trois métiers sans lien apparent, réunis entre les murs d’Actypoles, en bordure de Thiers, petite commune du Puy-de-Dôme. Étrange laboratoire où s’expérimente un projet de société. Celui des « territoires zéro chômeur de longue durée » (TZCLD), engagé en 2016 dans treize communes de France.
Le pari des TZCLD ? Identifier sur un territoire les personnes privées durablement d’emploi (PPDE), et les besoins non remplis par les collectivités locales et les entreprises privées. Aux premiers sont proposés un emploi en CDI, rémunéré au Smic [10,15 € brut l’heure au 1er janvier 2020], sans sélection préalable. Ils sont employés dans une entreprise à but d’emploi (EBE), qui définit et adapte les services qu’elle propose en fonction des besoins à combler sur le territoire, des projets de ses employés, tout en respectant la non-concurrence face aux entreprises existantes. Un jeu d’équilibriste complexe, subventionné par l’État à hauteur de 18.000 euros annuels par emploi, par les départements au prorata des allocations économisées, et par le chiffre d’affaires des EBE. Le tout pour un coût théoriquement neutre pour les finances publiques grâce aux gains sur les prestations sociales non versées.
Impulsé par l’ONG ATD Quart Monde en 2015, voté pour une expérimentation de cinq ans en 2016, le projet n’a pu réellement se déployer qu’en 2017….
Auteur: Moran Kerinec Reporterre
La suite est à lire sur: reporterre.net