Bernard S., 76 ans, aujourd’hui, arrive tous les jours un peu en avance dans la salle d’audience. Il s’assied toujours au bout de la rangée de droite, le dos voûté dans une veste de costard vert fané, pochette jaune sous le bras. Toujours à côté de Jean C., 69 ans, ils ont une dégaine en commun, la tête légèrement enfoncée dans les épaules. Ils sont accusés, comme les 14 autres prévenus, d’association de malfaiteurs terroristes dans procès du groupe Action des forces opérationnelles (AFO).
Une qualification que Bernard S., alias Souvigny, conteste en tout point : association d’accord, malfaiteurs sûrement pas, terroriste encore moins. En fait, c’est comme « père de famille » que Bernard S. entend se présenter. Il parle de l’attentat du Bataclan. Il tousse. Cinq secondes de silence passent, peut-être six. Sa voix tremble : sa petite-fille aurait dû y être, mais elle a attrapé la grippe. « Bien lui a pris », ça l’a sauvée. Elle a perdu deux amis.
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« De ce que j’en ai compris, le but premier d’AFO était de se défendre et défendre notre famille en cas de grabuge », amorce-t-il à la barre. Ces derniers mots résonnent avec un mail envoyé en décembre 2017 par le chargé du renseignement chez AFO, pour donner des « éléments de langage » au groupe en cas d’interrogatoire. « Il faut se présenter officiellement […] comme une gentille organisation qui s’occupe principalement de la santé de ses membres en cas de grabuge », avait-il écrit aux fondateurs de l’AFO, Guy S., et Dominique C.
Souvigny, chef de la cellule francilienne, est appelé à la barre le jeudi 19 juin. Les jours précédents, c’est son nom qui est le plus revenu dans…
Auteur: Pauline Migevant