There is no alternative

Ljubov Popova. — « Space-Force Construction » (Construction Espace-et-Force), 1921

Anthropocide ou capitalocide, maintenant il faut choisir. Pour éviter l’anthropocide, il faudra le capitalocide : il n’y a pas d’alternative. TINA. Les capitalistes, les néolibéraux, ça vous dit quelque chose ?

Normalement, « There is no alternative » est un énoncé qui n’a aucun droit de cité dans le discours politique. La politique c’est la souveraineté, et il entre dans le concept de souveraineté politique de toujours pouvoir faire autrement. Bien sûr tant qu’elle n’est pas captée par un petit nombre qui, lui, entend bien qu’on fasse toujours pareil — et alors soutient « qu’il n’y a pas d’alternative ». La politique, pourtant, c’est qu’il y a toujours une alternative.

Sauf quand, devenue mortifère et rendue au bout du bout, la politique se met à travailler la question de la survie de l’humanité sur la planète, ou plus exactement quand elle se retrouve confrontée à une force dont on sait maintenant à coup sûr qu’elle menace la survie de l’humanité sur la planète. Alors, et alors seulement : il n’y a pas d’alternative. C’est la force ou nous.

En finir avec l’« écologie » (pour un écolocide ?)

Parler d’écocide n’était pas encore assez. Car après tout l’habitat (l’éco, l’oïkos) ne vaut pas pour lui-même, mais plutôt pour ceux qui l’habitent (les humains, les anthropoï). Que la planète finisse en désert brûlant ou dans une atmosphère saturée en vapeurs d’ammoniac ou n’importe quoi d’autre, ça ne lui cause aucun problème en tant que planète. À nous, pas tout à fait. C’est pourquoi « écocide » n’est pas la catégorie la meilleure pour nommer ce qui est en train de se profiler : « anthropocide », bien davantage. On voit mieux de quoi il s’agit.

Lire aussi Mohamed Larbi Bouguerra, « La croisière s’amuse et la mer trinque », Le Monde diplomatique, juillet 2022.

Le souci « de la planète », souci que s’est découvert tardivement la classe qui n’avait pas de souci, a toujours trahi ses origines sociales — telles que, jusqu’à présent, elle n’avait rien trouvé à redire à la destruction de la classe ouvrière. À l’évidence, ça n’était pas un motif suffisant ni pour s’inquiéter ni encore moins pour incriminer le capitalisme. Mais la canicule et la suffocation n’ont pas le discernement de ne concerner que les pauvres, et la donne commence à changer. La…

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Auteur: Frédéric Lordon