Titane : comment Airbus contourne le blocus de la Russie

Titane, pétrole, fer, gaz, manganèse… Le contrôle des ressources fossiles et des minerais enfouis dans le territoire ukrainien est au cœur du conflit. Et prend la priorité sur l’environnement et les intérêts des populations. Le second volet de cette enquête : Un enjeu caché de la guerre en Ukraine : les matières premières.


Cette année, grâce à une commande de l’Arabie saoudite, Airbus devrait atteindre son objectif de livrer 700 avions, soit cent de plus que l’année dernière. Ce sont donc 58 avions par mois en moyenne qui seront sortis des usines de la première entreprise d’aéronautique mondiale. Parmi les métaux nécessaires à ces appareils, certains sont devenus incontournables : c’est le cas du titane. 14 % de la masse d’un Airbus A350 (130 tonnes à vide) est constituée de ce métal aussi performant que l’acier, mais nettement plus léger et résistant à la chaleur et à la corrosion.

Également utilisé dans le spatial, le nucléaire et pour la production de missiles, de coques de sous-marins et de blindages balistiques, le titane métal est majoritairement consommé par l’aviation civile et militaire. En dix ans, la demande de titane pour l’aéronautique a été multipliée par deux.

Le principal fournisseur d’Airbus en titane est Rostec, le conglomérat d’État de défense russe, qui fournit le matériel militaire actuellement utilisé en Ukraine. Son PDG, Sergei Chemezov, ex-membre du KGB et proche de Poutine, figure sur plusieurs listes de personnalités russes sanctionnées, ainsi que les membres de sa famille.

VSMPO-Avisma, la filiale de Rostec qui approvisionne Airbus et le groupe de défense Safran, devait faire partie de la liste des entreprises de défense russes sanctionnées par l’Union européenne. Mais en avril puis en juin, Guillaume Faury, PDG d’Airbus, a plaidé pour que VSMPO-AVISMA ne soit pas sanctionnée et a obtenu que l’entreprise soit retirée de la liste des entités visées par l’Union européenne.

Comment justifier une telle anomalie ? Selon le PDG d’Airbus, ces importations cruciales pour l’aéronautique ne représentent qu’une faible partie des revenus de l’économie russe : elles ont rapporté 415 millions de dollars en 2020.

« L’aérospatiale ne se porterait pas aussi bien dans un monde sans titane russe »

L’Allemagne et l’Espagne, dont les industries aéronautiques dépendent également du titane russe, ont soutenu cette position tandis que le constructeur étasunien Boeing a mis fin à ses importations dès le mois de…

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Auteur: Reporterre