Tiziano Cruz, le flamboiement du politique

© Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

La révélation de la 78e édition du festival d’Avignon, c’est lui. Tiziano Cruz, pour la première fois en France, dans le « In », au lycée Mistral. Artiste indigène de la région du Jujuy, au nord de l’Argentine, dont les langues du quotidien sont autant le quechua de sa communauté autochtone des hauts plateaux andins que l’espagnol dans la version néolibérale du capitalisme actuellement orchestrée par le président d’extrême droite, Javier Milei. Avec Soliloquio (me desperté y golpé mi cabeza contra la pared/je me suis réveillé et ai tapé ma tête contre le mur), créée en 2022, et Wayqeycuna (Mes frères), en 2024, deux volets d’une trilogie autobiographique qu’il entame en 2015, après la mort brutale de sa jeune sœur à l’hôpital, il produit un véritable choc esthétique et politique.

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Tiziano Cruz

© Nora Lezano

En 2019, Adios Matépac (Adieu père), la première pièce, replaçait cette disparition dans son contexte socio-politique. Se refusant à s’exprimer en espagnol, la langue coloniale qui recouvre la diversité culturelle de son pays et à laquelle elle ne voulait pas obtempérer, sa sœur avait perdu la vie par manque de soins. Ce mépris de race, de classe et de genre composera le fil rouge, sans cesse retissé, de ce triptyque puissant et dérangeant où il analyse l’invisibilité des corps indigènes : « Nous sommes migrant·es sur notre propre territoire. » En avril 2020, alors qu’il joue et affronte son deuil dans la solitude à Buenos Aires – il n’est pas rentré dans son village depuis six ans -, il est confiné de longs mois durant le covid et confronté à la menace de sa propre disparition et peut-être de celle du monde. Il écrit, sur cette période, 58 lettres à sa mère, nourrissant avec elle une nouvelle relation jusqu’à ce qu’elle ne soit à son tour emportée par le…

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Auteur: Marina Da Silva