Toni Negri, de l’opéraïsme à l’exil

Il leur en fallait un. Un « cerveau ». « La » tête pensante – ou supposée telle. Depuis le tout début des années 1970, dans l’élan du movimento (né dès avant 1968 en Italie et qui va durer plus de dix ans), agrégation de militants à la gauche du Parti communiste italien (PCI) de toutes obédiences, face aux attentats aveugles et sanglants de groupes d’extrême droite – manipulés par des agents des services secrets italiens, en lien souvent avec la CIA, censés insuffler à la population un désir d’ordre –, des groupes armés à gauche prolifèrent.

Jusqu’à plus d’une centaine dans la seconde moitié des années 1970. Celui comptant le plus de militants – plusieurs milliers, clandestins ou non –, et le plus organisé, les Brigades rouges (BR), qui depuis sa création fin 1970 avait pris garde de ne pas faire couler le sang, a ensuite franchi le pas en 1976, avec l’exécution d’un magistrat en poste à Gênes, Francesco Coco, aux sympathies néofascistes avérées.

Prise dans un engrenage sanglant sans retour, l’organisation, suivie par tant d’autres groupes armés – à la toute fin des années 1970, l’Italie compte parfois un attentat toutes les quatre heures –, accomplit son opération la plus retentissante, en parvenant à enlever en mars 1978 Aldo Moro, président de la Démocratie chrétienne au pouvoir depuis 1945, plusieurs fois président du Conseil ou ministre. Elle l’exécute en mai, après 55 jours de détention dans une « prison du peuple », durant lesquels toute la péninsule a retenu son souffle, après le refus de toute négociation par le gouvernement, qui abandonne son ancien collègue.


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Auteur: Olivier Doubre