TotalÉnergies et la Russie, les liaisons dangereuses

TotalÉnergies maintiendra-t-il ses activités en Russie malgré la guerre ? La question se pose, près d’une semaine après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. « Les activités de TotalÉnergies en Russie […] n’ont pas été affectées par le conflit jusqu’à présent », assurait jeudi 24 février le PDG du pétrolier français, Patrick Pouyanné, au cours d’une conférence de l’International Energy Week de Londres. Mardi 1er mars, le géant pétrolier a sobrement condamné dans un communiqué « l’agression militaire de la Russie », et annoncé qu’il « n’apportera plus de capital à de nouveaux projets en Russie ». Une décision qui l’engage peu, étant donné l’ampleur des investissements d’ores et déjà réalisés par le groupe sur place.

Contrairement à son rival Shell, qui a annoncé le 28 février se retirer de l’ensemble de ses projets en commun avec le groupe russe Gazprom, le pétrolier ne semble pour le moment pas décidé à plier bagages. L’histoire d’amour entre la Russie et le pétrolier français est quasi-centenaire. La société belge Petrofina, qui a été absorbée par TotalÉnergies en 1999, a commencé à importer des hydrocarbures russes dès 1928. Le groupe a consolidé sa présence sur place à partir de 1991, avec la création de la « Franco-Sovietic Marine Oil », une coentreprise spécialisée dans la distribution de produits pétroliers en Russie. TotalÉnergies n’a depuis cessé de raffermir ses liens avec le pays, d’abord en 2013, avec l’acquisition de 20 % des parts du projet gazier Yamal LNG, puis sa participation (à hauteur de 21,6 %) au projet Arctic LNG 2. L’entrée en service de cette usine de liquéfaction géante est prévue pour 2023.

Des dizaines de milliards d’investissements

Ces deux projets climaticides sont d’une importance capitale pour le pétrolier français. Chaque année, 16,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) sont extraits à Yamal. TotalÉnergies n’a pas hésité à mettre la main au porte-monnaie pour permettre à ce projet démentiel d’advenir. 23 milliards d’euros (un record dans l’histoire du GNL) ont été nécessaires pour mettre sur pied ce complexe industriel. Un aéroport et un port ont également dû être construits, dans une zone battue par les vents, plongée dans l’obscurité pendant deux mois de l’année, et où la température peut atteindre – 50 °C en hiver.

© Gaëlle Sutton/Reporterre

Avec le projet Arctic LNG 2, TotalÉnergies et ses partenaires espèrent…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Hortense Chauvin (Reporterre) Reporterre