TotalEnergies veut ériger une méga-usine d'hydrogène vert en Patagonie

Valparaíso (Chili), correspondance

À l’extrême sud de la planète, au nord de la Terre de Feu, l’océan pénètre et divise le continent sud-américain en petites îles. Ici, loin des regards, là où le vent souffle jour et nuit sur les steppes patagoniques, TotalEnergies veut construire un complexe industriel qui s’étalerait sur 72 000 hectares, l’équivalent de sept fois la superficie de Paris intramuros.

Nommé H2 Magallanes, ce mégaprojet implique un investissement de 16,3 milliards de dollars (14,2 milliards d’euros) et se donne l’objectif de produire 350 000 tonnes d’hydrogène dit vert par an — un gaz vendu comme un pilier de la transition énergétique. Une industrie cruciale pour le Chili, qui souhaite devenir « leader mondial de l’hydrogène vert ».

Plus précisément, Total mise sur l’hydrogène et l’un de ses dérivés, l’ammoniac vert, dont il compte produire jusqu’à 1,9 million de tonnes par an. Ce dernier, un gaz lui aussi, est plus facile à transporter sur de très longues distances. Or les principaux marchés ciblés par le Chili sont l’Europe et l’Asie, à environ 17 000 km de la Patagonie. Pour produire de l’ammoniac, il faut faire réagir de l’hydrogène (H2) avec du diazote (N2). Dans sa version dite verte, l’ammoniac est produit par électrolyse de l’eau à partir d’énergies renouvelables.

La multinationale prévoit ainsi de construire et exploiter sept usines d’électrolyse alimentées par un parc de plus de 600 éoliennes et une usine de dessalement d’eau de mer. Le gaz sera ensuite exporté depuis un port industriel construit spécifiquement au pied des usines. « C’est gigantesque », s’exclame, jointe par téléphone, Gabriela Simonetti, porte-parole de la coalition d’associations Panel Citoyen H2 Magallanes.

« Les projets n’ont pas été pensés dans une logique territoriale. Ils sont pensés pour l’exportation, pour que les pays…

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Auteur: Marion Esnault