Toujours la rage

Depuis 2016, les manifestations nassées du 1er mai sont une tradition que l’amoureux des boulevards ne manque jamais. L’impeccable ballet du nassage, du flanquement et des percussions policières sur les cortèges démontrent aux populations à quoi servent leurs impôts. Il y aura toujours des troufions confinés pour vous promettre un petit coup d’État de derrière les fagots, cela affolera forcément les médias, mais le spectacle d’une belle émeute vous redonne parfois cet irrésistible goût d’une réalité qu’on croit finie quand on est confinée.

Ce samedi 1er mai, mêlé à la foule compacte des premiers manifestants, un jeune perdreau de l’année, finement rasé et recouvert d’un uniforme repassé par maman, abhorre un fusil d’assaut face à la foule compacte. C’est la nouvelle « philosophie » policière : « -Aller au contact ! ». Et pourquoi pas jusqu’à trouer des peaux à bout portant ?

En ce début de manifestation, quelques gilets jaunes du premier rang crient un peu trop fort au goût de la préfecture de police. Réplique immédiate du poste de commandement : l’avant-garde du cortège est immédiatement nassée. Un cordon de pandores ne pense plus qu’à faire patienter la foule qui voulait s’élancer sur le boulevard. Certains s’impatientent et viennent aux nouvelles, ce qui a pour effet de densifier la cohue et de former un bouchon compact à l’avant du rassemblement.

C’est ce moment qu’attendaient les gendarmes. Car il s’agit d’empêcher par tous les moyens « la formation d’un black bloc » comme ils le répètent aux médias. Mais voilà que ce bloc, ils viennent justement de le mettre en place par leurs manœuvres. À ce moment précis personne n’a l’habit noir, mais peu importe la foule fait déjà bloc et c’est pour eux suffisant pour que la boucherie commence. On annonçait le matin même cinq mille manifestants dans toute la France (sans compter l’héroïque mobilisation de la CFDT sur Zoom), mais la plèbe est simplement venue beaucoup plus nombreuse que prévue. La troupe panique un peu parce que visiblement le dispositif semble sous-dimensionné pour quatre kilomètres de parcours. Il faut dire que ce samedi ça pète un peu partout en France, d’où une arithmétique de répartition des forces difficile à calculer. Il va donc falloir frapper très fort dès le début, que le bloc soit « black » ou pas « black ».

Aussi pour prévenir de manière plus étanche encore tout débordement, en plus du cordon de gendarmes qui empêche toute…

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Auteur: lundimatin