Toulouse 2050 : une métropole rayonnante !

« Let’s dream… la vie en rosetm.
Toulouse Matabiau-Quai d’Oc, vous sortez de la gare, un vaste parvis vous offre un large panorama de la ville. Vous hésitez  : allez-vous emprunter la rue Bayard pour arriver directement sur Alsace Lorraine Market Place, et les 42 kilomètres de vitrine du centre-ville  ? Ou bien tenter l’expérience unique de descendre les ramblas  ? Cette seconde option vous permettrait de voir de plus près la tour d’Occitanie, le joyau de la skyline toulousaine, 150 mètres de verdure à l’assaut du ciel. Mais, non, obviously, vous préférez prendre votre temps et un drink à la guinguette du canal. Cela vous laissera le temps de préparer votre city tour dans la Ville Rosetm avant de décoller pour Berlin, New York ou Londres. Vous longez donc le canal sur un large trottoir pavé, dans la douce lumière des vitrines, sous les arbres et l’œil rassurant des caméras. En fait, vous avez l’impression d’avoir déjà décollé. Où est donc passée cette petite ville de province crasseuse et arriérée du siècle dernier ? À cette évocation, vous ressentiriez presque le craquement des ossements des générations passées sous vos semelles. Une décharge électrique vous remonte le long de l’échine : qu’il est bon d’être du côté des vainqueurs  !
 »

Peut-être que ça va trop loin, s’interrogea Joachim. La censure métropolitaine ne laissera pas passer. Ils ne voudront pas forcément parler de vainqueurs dans leur dépliant touristique et ils m’ont déjà dit que le caractère carnassier de leur clientèle select est à flatter mais avec délicatesse et force ellipses. Le récit officiel préfère parler de modernisation dans la concertation. Joachim est web design editor spécialisé dans le content feeding, bien entendu free lance. À bientôt 50 ans, il est content d’avoir encore du travail même si ça lui tord le bide de raconter ces vies all inclusive inaccessibles et si peu désirables. Sa vie à lui, c’est de bosser sur un plateau de 300 mètres carrés, avec un mètre carré par personne. Tous et toutes sont « indépendant·es », rivé·es à leur ordinateur, alimentant de leur esprit créatif des flux de données à destination d’autres ordinateurs et terminaux portables de toutes sortes. De véritables fermes à contenus, le lieu s’appelle d’ailleurs « Les Moissons Digitales ». Au moins, il peut manger, payer son loyer et ses transports. Quand on lui a demandé de réaliser cette promo-com, il ne se doutait pas que ça le ferait plonger dans les souvenirs…

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Auteur: IAATA