Tous les bourgeois sont des voleurs, légaux ou non

Notre pays est décidément camé aux hommages nationaux. Notre classe politique en fait systématiquement des caisses dès qu’un personnage célèbre meurt, espérant ressouder la Nation autour de son bon souvenir, et autour d’elle-même. Bernard Tapie ne fait pas exception. On apprend de cet homme d’affaires, homme politique et escroc notoire qu’il était un héros, une personnalité « adulée » des Français et que son « panache » rivalisait avec son « courage ». Panache, est-ce que cela veut dire capacité à voyager en jet privé sur le budget de la société stéphanoise Manufrance, qu’il a racheté avant de la couler, ou de rouler en Rolls pour aller jouer au foot avec ses ouvriers pour les impressionner, comme le raconte ce reportage France 2 diffusé en 2001 par Elise Lucet ? Et le courage, est-ce celui d’avoir empoché des millions en licenciant des ouvriers et en liquidant des entreprises comme à l’usine Wonder de Lisieux ou Look à Nevers ?

Bernard Tapie a incarné en France la figure de « l’entrepreneur » dans les années 80. « Entrepreneur » est le concept qui a remplacé celui de patron et avec lui tout ce qu’il pouvait charrier de représentation négative. Quand le patron domine et exploite, l’entrepreneur entreprend… quoi ? Rien de différent : l’exploitation du travail d’autrui, le démantèlement et la revente à la découpe d’industries, les licenciements de masse… Dans quel but ? « Le goût du challenge », explique Tapie au sujet de son rachat de Manufrance. Quelle différence avec les patrons d’antan ? Aucune, le récit change, l’objectif reste : engranger du fric. Tapie, escroc ? Non, bourgeois comme les autres. Il exploite le travail d’autrui, il dupe l’adversaire syndicaliste, il charme le journaliste, il se met le politique et les lois dans la poche, et il encaisse, s’engraisse. 

Tapie est aussi le symbole de la “conversion”, si tant est qu’ils aient sincèrement défendu autre chose, des socialistes au capitalisme le plus décomplexé. Propulsé par Mitterrand et son gouvernement, il a été un moteur du tournant libéral de la gauche française.

Tapie, escroc ? Non, bourgeois comme les autres. Il exploite le travail d’autrui, il dupe l’adversaire syndicaliste, il charme le journaliste, il se met le politique et les lois dans la poche

Cette semaine nous apprenons aussi qu’en plus d’être des voleurs chroniques, les bourgeois sont aussi de sacrés égoïstes. Une énième enquête journalistique nous apprend que la…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag