Tout le pouvoir à l'assemblée ! Une histoire du mouvement ouvrier espagnol pendant la transition (1970-1979)

L’émergence du Mouvement des indignés, en Espagne, en mai 2011, a mis en avant des « protestations assembléistes », centrées sur les assemblées. Or, les modalités d’organisation et d’action de ce mouvement font écho à une pratique des luttes ouvrières, oubliée et même occultée par ce que l’auteur nomme « le mythe de la ’’transition’’ », consacrant le passage graduel, dans les années 1970, du régime franquiste (Franco meurt en 1975) à la démocratie espagnole. Loin de l’image consensuelle et convenue, cette période est en réalité marquée par des « mobilisations populaires et ouvrières d’une ampleur inédite », qui se manifestent par des grèves, des occupations d’usines et une conflictualité importante (page 13).

Une histoire invisibilisée

Tout le pouvoir à l’assemblée ! Une histoire du mouvement ouvrier espagnol pendant la transition (1970-1979) a dès lors pour ambition de faire connaître une histoire peu connue, et par-là même de démonter le mythe de la transition, en montrant l’invisibilisation de l’expérience d’auto-organisation du mouvement ouvrier. Les chapitres suivent chronologiquement, de 1969 à 1978 (en 1977, les principaux partis et syndicats sont légalisés et des élections législatives réalisées), le développement des grèves, parfois massives – 350.000 salariés sont en grève dans la capitale espagnole en janvier 1976 ; 10 à 30.000 personnes participent aux assemblées de Sabadell, dans la région catalane, un mois plus tard –, en détaillent le déroulé, en s’attachant tout particulièrement à des luttes emblématiques (à la charnière de 1977-1978, la grève assembléiste de Roca reste le symbole des mobilisations ouvrières autonomes), où s’illustrent l’originalité et la radicalité de conflits ouvriers, qui sont, tout au long de cette période « structurés et organisés à partir d’assemblées ».

Arnaud Dolidier analyse au plus près la pratique assembléiste, ainsi que les autres formes de lutte qui lui sont associées, dont celles des « encierros » (littéralement, « enfermement), qui consistent à s’enfermer, le plus souvent au sein d’une église, pour tenir une assemblée, à l’abri de la police, discuter et délibérer de la marche à suivre. Il montre en outre la dynamique d’identification à l’œuvre : l’assemblée construit « un sentiment d’appartenance sociale à la classe ouvrière : un sentiment que les travailleurs ’’découvrent’’ lorsqu’ils se réunissent et prennent confiance…

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Auteur: lundimatin