TOUT N'EST PAS MORT

Il est toujours aussi affligeant de voir à quel point cela suscite un engouement de savoir à quelle sauce l’on a envie d’être mangé. Toujours aussi affligeant de voir comment la « menace fasciste » conduit toujours plus de personnes à participer au jeu électoral, jusque parmi ceux qui se disent révolutionnaire, parmi ceux qui ont vécu le dernier quinquennat dans la rue. Comment on oublie que le moins pire n’a jamais fait rempart au pire. Il est d’ailleurs curieux de voir comment on est passé en l’espace de cinq ans d’une génération qui se disait ingouvernable à une génération complètement gouvernable.

C’est que la gauche a bien fait son travail. Elle a su pacifier et canaliser tout au long de ces dernières années toutes formes de résistance. Elle a su produire à nouveau cet espoir, cette illusion qu’il peut y avoir une bonne politique du pouvoir. Mais en réalité, le pouvoir est une logique qui dépasse ceux qui l’exercent. Les meilleures intentions du monde ne suffiront pas à contrecarrer cette règle. La gauche ne combat pas le pouvoir, elle en propose seulement une autre gestion. Il y a bien différentes manières d’exercer le pouvoir, mais il n’y a pas de bon gouvernement.

Pour tous ceux qui entendent encore sortir de cette logique, il est temps de se défaire de tout jeu institutionnel.

Le refus du vote est alors une évidence, inutile de chercher à convaincre de cela. Toujours plus de personnes ont l’air de se foutre des élections. Mais il est difficile de voir dans l’abstention le semblant d’une opposition. Au mieux, c’est la lucidité de remarquer qu’au fond la différence entre chaque parti importe peu. Mais une fois l’échéance passée, chacun revient à ses petites affaires et la machine continue de tourner sans aucun problème, qu’elle ait été plébiscitée ou non. Non seulement la démocratie se branle de notre non-participation, mais elle y a même un certain intérêt. L’abstentionniste a lui aussi sa fonction propre, il occupe un espace vide toujours susceptible d’être recouvert par l’ineptie des sociologues, l’espace de la reconquête républicaine.

Il y a pourtant eu quelques rassemblements ici et là les soirs du premier et second tour, la surprenante occupation de la Sorbonne, des piratages d’ondes radio et des sabotages de câbles à fibre optique. Mais le mot d’ordre « Ni Macron, ni Le Pen », en se répandant un peu partout, n’a pas su mettre les mots sur les désirs d’une politique autre qu’institutionnelle. Des radicaux ont bien tenté de…

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Auteur: IAATA