Toute la misère du monde ?

Après le ralliement de Daniel Cohn-Bendit au paradigme du « Grand Remplacement », voici donc que le Premier ministre François Bayrou, censé représenter « le Centre » (un Centre, il est vrai, qui a voté les lois xénophobes de Gérald Darmanin à l’unisson avec Les Républicains et le Rassemblement National), valide le plus archétypal des signifiants lepénistes : la « submersion migratoire ». La dérive est certes loin d’être nouvelle – on se souvient notamment de Valéry Giscard d’Estaing validant en 1991 le concept d’« invasion ». Mais c’est la première fois que ce signifiant est mobilisé aussi frontalement par un chef de gouvernement en activité. Un nouveau pas décisif dans la course folle de nos élites vers un ralliement idéologique et politique complet aux diktats de l’extrême-droite. Un nouveau coup mortel porté à la décence commune, à l’éthique la plus élémentaire, à la possibilité d’un vivre-ensemble non raciste et non fasciste – et, tout simplement, au réel et à la vérité. C’est ce que viennent rappeler les lignes qui suivent, extraites d’un livre plus que jamais d’actualité : « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». En finir avec une sentence de mort.


L’usage du mot « toute » renvoie à une totalité – et pas n’importe laquelle : le « monde », excusez du peu. La ficelle rhétorique est grosse : il s’agit une fois encore d’intimider, d’impressionner, de terrifier, d’attiser des phobies en produisant un sentiment de « submersion », d’« invasion », de « grand remplacement », au prix bien entendu d’un brouillage des enjeux et d’une caricature du point de vue adverse – puisqu’il est évident, dès qu’on prend le temps d’y réfléchir, que la question est proprement absurde et hors de propos, personne n’ayant jamais demandé ni à la France ni à la Belgique d’accorder asile et titres de séjours à la…

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Auteur: Jean-Charles Stevens, Pierre Tevanian