Toute la misère du Monde

Le 23 décembre 2022, Le Monde, journal dit « de référence », publie un long article constatant fort justement que le off – cette pratique, « répandue depuis de nombreuses années entre les responsables politiques et les journalistes », qui consiste, pour les premiers, à informer les seconds « tout en réclamant la confidentialité » afin que « le nom de l’interlocuteur » ne soit « pas dévoilé » – est devenu « une véritable arme de communication sous la présidence d’Emmanuel Macron ».

Pour les auteurs de ce dense papier, le off a ainsi été « dévoyé, avec la complicité résignée des médias ». Son « usage », écrivent-ils, « s’est banalisé. Systématisé. Et s’est imposé aux journalistes. À tel point que la relation entre la presse et les politiques s’est déséquilibrée ». Puis de préciser : « Il ne s’agit plus d’un contact entre un reporter qui cherche à informer et un élu qui cherche à faire connaître son action. Mais d’une faveur à sens unique, où des politiques s’épanchent librement, tout en attendant des professionnels de l’information les écoutant qu’ils se privent de leur liberté et du fruit de leur travail » en assurant l’anonymat de leurs informateurs.

Ces auteurs rapportent ensuite, pour mieux illustrer leur propos, quelques anecdotes édifiantes : « C’est lors d’un déjeuner off avec Le Monde qu’Elisabeth Borne, préoccupée par le risque de coupures d’électricité tournantes […] se met aussi à parler du chancelier allemand, Olaf Scholz, de façon peu amène, rendant sa conseillère en communication pâle comme la mort. C’est encore Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, qui parle, un jour, du chef de l’Etat comme d’un “chaton qui tâte son écuelle avec la patte avant de laper“, en redoutant que les oppositions lui “sautent à la gueule“ ».

Pour les journalistes du Monde, « ce off à tout va nourrit la crise démocratique, tant à l’égard des politiques que des médias. Qui parle ? Quelle valeur accorder à une déclaration anonyme ? Le lecteur est de plus en plus privé de cette information. Quand les ministres se cachent, leurs conseillers – dont l’identité est généralement préservée – vont jusqu’à demander de masquer l’institution au nom de laquelle ils s’expriment. Des piliers de l’Elysée et de Matignon réclament ainsi d’apparaître tel “un conseiller de l’exécutif“ ou “un familier du pouvoir“, sans égard pour l’exigence d’honnêteté vis-à-vis du…

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Auteur: Blast info