Tracteurs et vacances partagés : en Isère, l'installation paysanne carbure à l'entraide

Saint-Lattier (Isère), reportage

« Avant, il y avait un paysan pour quatre tracteurs. Aujourd’hui, il y a toujours quatre tracteurs mais cinq paysans », dit Paloma, ravie, tout en décortiquant d’un geste appliqué des oignons fraîchement récoltés. Elle est maraîchère et productrice de « petits fruits » à la ferme collective la Clef des sables. Derrière elle, une grosse bâtisse délabrée, symbole de la déprise agricole, et des guirlandes fanions virevoltant au vent, comme un signal que la vie est de retour.

Cette ferme aux allures de ruine, située sur la commune de Saint-Lattier (Isère), vient d’être achetée par un collectif de producteurs, qui a créé une société coopérative d’intérêt collectif (Scic). Nicolas, Paloma, Brice, Lucas et Céline produisent depuis un an fruits, légumes, noix, plantes aromatiques et céréales en agriculture biologique, et les vendent en circuit court. Ils partagent 43 hectares de surface agricole, dont une grande partie est en location. « Ici, chaque associé est responsable de son atelier, mais nous nous organisons pour que chacun puisse partir en vacances l’esprit tranquille grâce à un système d’astreinte collectif », explique Lucas, responsable du pôle maraîchage. La jeune équipe cherche actuellement un paysan boulanger et des parcelles supplémentaires pour produire leurs propres farines.

Lucas, responsable du pôle maraîchage, a un hectare pour lancer son activité. © Estelle Pereira/Reporterre

C’est un départ à la retraite et le dynamisme du réseau d’entraide paysan qui ont rendu le projet possible. Originaire du village, René Cluze a, cinq ans durant, mis à disposition un lopin de terre à de jeunes maraîchers pour qu’ils puissent « se tester ». Quand il a eu l’âge de partir à la retraite, « l’ancien » a pris le temps de former son successeur, Nicolas. Soit deux ans de labeur et de réflexion pour le nouvel arrivant.

Sortir les agricultrices et les agriculteurs de l’isolement

« Je voulais sortir du constat qu’être agriculteur, c’est forcément travailler seul, sur son tracteur, s’endetter, et ne plus avoir de vie sociale », explique-t-il à Reporterre. À l’initiative du projet, Nicolas espère que la Clef des sables deviendra un « tiers lieu nourricier ». Au moment de sa reconversion, l’ancien vétérinaire originaire de Bretagne a constaté un décalage entre les aspirations des candidats à l’installation et la réalité du terrain : « La majorité des fermes à transmettre sont des moyennes et des…

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Auteur: Estelle Pereira Reporterre