Traders douteux et commissions opaques : la manne pétrolière ne profite toujours pas au peuple congolais

Denis Sassou Nguesso, 77 ans, brigue ce 21 mars un nouveau mandat présidentiel en République du Congo face à six autres candidats. Il a déjà passé 37 ans à la tête de cet État pétrolier et forestier (de 1979 à 1992, puis de 1997 à 2021). Hasard du calendrier, la date du scrutin va coïncider, à quelques jours près, avec une décision de justice qui doit être rendue en Italie dans un scandale mêlant pétrole congolais, cadres de la multinationale italienne Eni et proches du pouvoir à Brazzaville. Le 25 mars, un tribunal de Milan doit en effet décider s’il interdit ou pas à Eni, poursuivie pour corruption internationale, de continuer ses opérations dans deux blocs pétroliers au Congo, troisième producteur d’or noir d’Afrique.

Ce dossier est emblématique à plusieurs titres. Il est un bon reflet des années de pouvoir de Denis Sassou Nguesso, marquées par des affaires de corruption, et il rappelle à quel point les matières premières des pays africains, dont la rente est captée majoritairement par des multinationales, sont l’objet de trafics en tout genre de la part d’acteurs étrangers, alors même que le niveau de rémunération du capital investi sur le continent est bien plus élevé que partout ailleurs. Le tout au détriment des populations locales : le Congo, qui compte 5 millions d’habitants et dont 80 % des revenus sont tirés du pétrole, a un taux de pauvreté de plus de 35 % et traverse actuellement une sévère crise financière et économique.

En 2020, il était endetté à 100 % de son PIB. Quasiment les trois quarts de la rente pétrolière congolaise sont captées par les multinationales, la majeure partie restante sert à rembourser des emprunts à des sociétés de trading de matières premières, à garantir des investissements chinois, voire s’évapore carrément des comptes publics

L’enquête de la justice italienne sur cette affaire impliquant Eni a été ouverte en 2017, mais les faits se sont produits à partir de 2013. Cette année-là, les autorités congolaises décident de développer le secteur privé national, publiant pour cela une directive prévoyant que les permis, licences ou contrats soient prioritairement accordés à des entreprises congolaises. Dans le domaine pétrolier, les licences sont alors presque toutes aux mains de multinationales étrangères, dont Total et Eni, principaux opérateurs. Cette nouvelle politique va bénéficier tout spécialement à une entreprise, Africa Oil and Gas Corporation (AOGC).

Cette petite société a la particularité d’avoir…

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Auteur: Fanny Pigeaud